"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Encore un de ces remarquables romans brefs, poétiques et sensibles, que EES sait si bien écrire. Et en prime un petit voyage de découverte chez Confucius, qui plaçait l'entente harmonieuse entre les hommes au premier rang de ses principes.
Un commercial européen, en voyage d'affaires en Chine, fait une improbable rencontre avec la dame-pipi d'un grand hôtel et noue une relation presque amicale avec elle. Et il apprend qu'elle a dix enfants, au pays de l'enfant unique !!!
Où est l'erreur ? C'est ce qu'on découvrira dans ce bref récit qui nous apprendra que l'harmonie passe avant la vérité dans ce monde où Confucius est encore si présent. EES s'appuie là sur ce fait d'expérience, que les bouleversements économiques et sociaux de ce pays n'ont pas pour autant fait passer l'identité de cette civilisation à la trappe. Huntington n'aurait pas mieux dit.
Et puis, comme toujours, le charme de l'écriture de EES convainc par sa simplicité, ses phrases courtes et poétiques. Un bon moment de lecture.
Ce livre doit être lu avec beaucoup d'attention. Ceci explique les âneries orales et écrites qui ont célébré sa sortie. Ce n'est certes pas la Bible (heureusement !) et ses conclusions sont discutables. Mais il n'est ni anodin, ni délirant, ni désespéré. Et la mascarade "Je suis Charlie" révèle d'inquiétants courants profonds. A lire, si possible deux fois.
Rappelons d'abord que ET est historien et anthropologue et que sa thèse est fondée sur les outils de cette profession. Sans prouver absolument, il montre des faits, des concordances, des déclarations, des vides et s'appuie là dessus pour formuler ses hypothèses. Attendez-vous à des tableaux, des cartes, etc. Ses positions sont souvent bien argumentées. Et on sent aussi, assez souvent, une "gauchalgie" sympathique, même si on ne la partage pas.
Bien entendu, le contenu de ce roman est une pure fiction ! La force d'âme de notre classe intellectuelle est bien connue, capable de déceler la toxicité des idées fausses : aucun intellectuel français n'aurait toléré le communisme, par exemple, cette machine à oppression et à fabriquer de la misère et du camp de concentration... Sauf que l'histoire nous a prouvé l'inverse. Alors, même si ce récit de la déconfiture veule des "intellectuels" face à un islam d'occasion nous fait bien rire, ajoutons que l'on rit jaune.
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