"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
"L'obstination et l'ardeur des opinions sont la preuve la plus sûre de la bêtise" Montaigne, III,8
Ce livre, écrit en 1942 par SM (1900-1898) est une longue méditation en dialogue sur l'amitié, qu'accompagne en contre-point la désillusion et l'épuisement de deux hommes solitaires en fin de vie. Ecrire cela en 1942 est peut-être aussi un reflet amer du monde en guerre que connaît l'Europe. Quel ami de la culture allemande ou italienne ou même hongroise n'aurait vécu ces instants sans douter, lui aussi de la nature de son amitié pour elles ?
Ce livre, court mais dense, dresse à la fois le constat de notre illusion d'atteindre un âge d'or promis depuis le 19ème siècle, mais aussi le schéma qui nous a conduits à cette impasse et nous laisse aux prises avec un monde dont les fins se sont évanouies.Nous émergeons en effet d'une époque qui, depuis Descartes, a cru pouvoir promettre à l'homme un bonheur terrestre à portée de sa volonté et de ses forces.Une sorte de religion du " Progrès'' s'est instituée donnant à l'Histoire une puissance mythique pour l'accomplir. Elle a remplacé l'espérance d'une rédemption des âmes par l'espoir du bonheur sur terre. Mais au passage, cette espérance individuelle de béatitude est devenue un espoir collectif, voire collectiviste. Les "hommes nouveaux'' n'ont pas manqué...
Lire la suite... Robert Redeker, Le Progrès ou l'opium de l'Histoire

Si ce roman se résumait à son intrigue il n'apporterait rien de bien consistant. Mais, heureusement, celle-ci n'est qu'un prétexte à nous entraîner dans les ruelles de Venise, dans la peinture des Bellinis et dans les rapports peu connus entre Venise et l'empire ottoman.
Et, pour compléter le tableau et puisque l'auteur est turc, vivant en France, un parfum de nostalgie d'Istanbul flotte, qui pimente l'ensemble.
L'intrigue ? Un professeur turc, historien d'art, vient à Venise étudier les liens entre son pays et cette ville dans l'art pictural. Gentile Bellini était allé à Istanbul faire le portrait du sultan Mehmet le Conquérant. Mais notre héros, ivrogne, instable et porté sur la bagatelle tombe sous le charme d'une jeune femme qui le laissera tomber. Sa fin tragique ne le rachètera pas. Soit.
Mais si vous aimez Venise, ses rues, ses musées, sa peinture, alors partez en balade et prenez votre temps et votre plaisir. Regardez travailler Giovanni Bellini, contemplez ses toiles ou celles de ses frères, rêvez à la douceur des madones et allez boire une grappa après votre ristretto.
Un programme contemplatif et jouisseur qui risque de ne pas convaincre tout le monde....
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