"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
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Ce livre est une promenade intelligente et sensible entre trois pôles : un voyage au Guangxi (sud de la Chine), la peinture chinoise et la philosophie du Tao. Peintre lui-même, CM sait bien ce qui unit ces trois pôles pour avoir, au cours de ce voyage, tenté de retrouver devant les somptueux paysages de montagnes du Guangxi, le souffle qui a toujours inspiré les grands maîtres chinois imprégnés du "Tao".
Le voyage ne manque pas de pittoresque. CM se plonge dans la Chine réelle, pas celle des hôtels qui isolent, mais celle des petites chambres de quelques mètres carrés, louées ici ou là, au milieu de la vie souvent bruyante et parfois nauséabonde mais chaleureuse de la Chine "d'en bas".
Mais CM ne le fait pas en peintre de nos contrées qui, sujet, chercherait à voir puis peindre un paysage objet. Il veut tout au contraire retrouver le chemin des grands ancêtres, dont on peut peut-être dire qu'il est la recherche de l'espace , vide de pensée, qu'a créé en soi la contemplation profonde et silencieuse du paysage. C'est, comme l'enseigne le "Tao", qu'il existe une profonde unité entre ce paysage et soi, unité dont il convient ainsi de prendre conscience sans l'aide de la pensée, aussi naturellement que l'on ressent la faim ou la soif. Le geste de peindre n'est plus alors qu'un moment de cette unité retrouvée qui s'impose sans que la tête ne travaille ; il acquiert alors l'évidence de ce qui doit être. Tout au long de son livre CM tourne autour de cette pensée si peu naturelle à nos esprits raisonnables. Il le fait avec une grande sincérité et reconnaît souvent que sa pensée va quelque fois plus vite que sa main.
Derrière cette attente se tient la vision du monde qu'enseigne cette philosophie fondatrice de la Chine, le Tao. Il serait prétentieux de tenter de le résumer ici. Les lignes ci-dessus en donnent une modeste approche et le livre permet souvent de toucher la nature de cette philosophie du grand tout et du non-agir. Une seule remarque : c'est ailleurs, en occident, que la Chine a du chercher sa modernité. Ce n'est ni dans le non-agir, ni dans l'extase mais dans l'action et le conscient que la Chine devient le premier pays du monde sous la réserve qu'elle reste debout.. Je suis sensible au charme et à l'originalité de cette pensée, comme je l'ai été du bouddhisme, mais il me semble que ce n'est plus là que se fait la soupe. Ceci dit, je n'ai rien contre un petit doigt de spirituel après mon potage, si tant est que j'ai eu mon potage. Et il me semble bien que nos amis chinois pensent à peu près la même chose. Je signale au passage sur un thème différent, mais lié au Tao, le livre de François Jullien, l'Ombre au tableau.
Sous cette réserve ce livre est un magnifique voyage immobile et silencieux dans une pensée qui a permis des oeuvres superbes et une civilisation exceptionnelle. Ce n'est pas parce qu'elle change qu'elle oubliera ce qu'elle a été, tout au contraire. Ce livre est précieux pour nous aider à percevoir ce monde d'autant plus difficile qu'il s'engage, avec ce bagage si original, dans une toute nouvelle direction.
Le voyage ne manque pas de pittoresque. CM se plonge dans la Chine réelle, pas celle des hôtels qui isolent, mais celle des petites chambres de quelques mètres carrés, louées ici ou là, au milieu de la vie souvent bruyante et parfois nauséabonde mais chaleureuse de la Chine "d'en bas".
Mais CM ne le fait pas en peintre de nos contrées qui, sujet, chercherait à voir puis peindre un paysage objet. Il veut tout au contraire retrouver le chemin des grands ancêtres, dont on peut peut-être dire qu'il est la recherche de l'espace , vide de pensée, qu'a créé en soi la contemplation profonde et silencieuse du paysage. C'est, comme l'enseigne le "Tao", qu'il existe une profonde unité entre ce paysage et soi, unité dont il convient ainsi de prendre conscience sans l'aide de la pensée, aussi naturellement que l'on ressent la faim ou la soif. Le geste de peindre n'est plus alors qu'un moment de cette unité retrouvée qui s'impose sans que la tête ne travaille ; il acquiert alors l'évidence de ce qui doit être. Tout au long de son livre CM tourne autour de cette pensée si peu naturelle à nos esprits raisonnables. Il le fait avec une grande sincérité et reconnaît souvent que sa pensée va quelque fois plus vite que sa main.
Derrière cette attente se tient la vision du monde qu'enseigne cette philosophie fondatrice de la Chine, le Tao. Il serait prétentieux de tenter de le résumer ici. Les lignes ci-dessus en donnent une modeste approche et le livre permet souvent de toucher la nature de cette philosophie du grand tout et du non-agir. Une seule remarque : c'est ailleurs, en occident, que la Chine a du chercher sa modernité. Ce n'est ni dans le non-agir, ni dans l'extase mais dans l'action et le conscient que la Chine devient le premier pays du monde sous la réserve qu'elle reste debout.. Je suis sensible au charme et à l'originalité de cette pensée, comme je l'ai été du bouddhisme, mais il me semble que ce n'est plus là que se fait la soupe. Ceci dit, je n'ai rien contre un petit doigt de spirituel après mon potage, si tant est que j'ai eu mon potage. Et il me semble bien que nos amis chinois pensent à peu près la même chose. Je signale au passage sur un thème différent, mais lié au Tao, le livre de François Jullien, l'Ombre au tableau.
Sous cette réserve ce livre est un magnifique voyage immobile et silencieux dans une pensée qui a permis des oeuvres superbes et une civilisation exceptionnelle. Ce n'est pas parce qu'elle change qu'elle oubliera ce qu'elle a été, tout au contraire. Ce livre est précieux pour nous aider à percevoir ce monde d'autant plus difficile qu'il s'engage, avec ce bagage si original, dans une toute nouvelle direction.
Editions de la Différence (2004) - 223 pages
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Du mal au négatif
Ce livre est un traité de philosophie, plutôt facile à lire, mais nécessitant quand même une attention soutenue, un crayon et un bloc de papier pour noter le cheminement de l'auteur. Faut-il faire cet effort ? J'ai une faiblesse certaine pour les textes qui m'aident à construire ma représentation du monde. Celui-ci en est un, non qu'il donne le mode d'emploi du bien et du mal, mais plutôt parce qu'il fournit quelques références supplémentaires dans ce cheminement personnel jamais terminé vers une vie "sage". Ce n'est pas un traité théorique abstrait mais l'effort d'un penseur qui connaît bien l'Asie pour comprendre d'une part la place du "mal" dans notre civilisation et dans la civilisation chinoise et d'autre part pour tirer de cette comparaison des voies éthiques nouvelles applicables à notre monde occidental.
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"Il fit élever un trône dans son jardin noir, et il avait coutume d'y siéger, couronné d'or, sous la foudre". Voici, à mon goût, une assez belle tranche de vie imaginaire telle que Marcel Schwob (1867-1905) les bâtit avec un réel bonheur. Bonheur qu'il sait rendre communicatif, tant ces vies sont piquantes, originales ou cocasses, d'une part, mais aussi par la magie de son style désinvolte et élégant par ailleurs.
MS, dans sa préface, nous donne une part de son secret : seul le détail, le particulier, reflète la vie. Le général, le théorique n'a pas ici sa place. Il sera fidèle à son précepte et ses biographies imaginaires seront ainsi composées, telles des toiles impressionnistes, par un chatoiement d'éclats inouïs.
Chacune de ces "vies" uniques et singulières tient en un bref récit, haut en couleurs et ne s'embarrasse pas d'une fin complexe. La potence (ou plus cruel ! ) est un maître de sagesse qui tranche les pires noeuds du destin, surtout s'il a dévié du bien et du juste.
Tout cela, à la limite parfois du persiflage ou de la dérision, se lit comme on boit un verre de bon vin, c'est à dire sans laisser la tête lourde au réveil. Un vrai bon moment.
MS, dans sa préface, nous donne une part de son secret : seul le détail, le particulier, reflète la vie. Le général, le théorique n'a pas ici sa place. Il sera fidèle à son précepte et ses biographies imaginaires seront ainsi composées, telles des toiles impressionnistes, par un chatoiement d'éclats inouïs.
Chacune de ces "vies" uniques et singulières tient en un bref récit, haut en couleurs et ne s'embarrasse pas d'une fin complexe. La potence (ou plus cruel ! ) est un maître de sagesse qui tranche les pires noeuds du destin, surtout s'il a dévié du bien et du juste.
Tout cela, à la limite parfois du persiflage ou de la dérision, se lit comme on boit un verre de bon vin, c'est à dire sans laisser la tête lourde au réveil. Un vrai bon moment.
Editions Ombres (1993) - 147 pages
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