"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
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L'auteur connaît bien son sujet et s'est appuyé sur des experts de cette doctrine pour nous donner là une autobiographie imaginaire du fondateur du bouddhisme aussi proche que possible de l'histoire connue de Bouddha. C'est difficile pour une raison simple ; la légende , en 2600 ans, a à peu près tout recouvert de merveilleux. Les sources longtemps tenues pour sures perdent parfois leur statut et , après si longtemps, il ne serait pas impossible que le mythe ait un peu rongé l'histoire. La bible, par exemple, longtemps tenue pour un livre historique pour l'essentiel a perdu cette qualité au 20 ème siècle, lorsque la part considérable de mythe qui la compose a été mis en évidence (cf. "La bible dévoilée").
Quoi qu'il en soit, ce livre a un très grand mérite, au delà de son souci de ne réunir que des faits qui font consensus. C'est qu'il le fait simplement, souvent même poétiquement sans théorie ni dogmatisme. L'auteur n'entre pas dans les arguties complexes dont les commentaires bouddhiques sont parfois friands. Il dit tout cru comment, ému par la misère, la maladie et la mort des êtres qu'il rencontre, cet homme a consacré sa vie à imaginer une réponse à cette douleur qui accompagne notre passage sur terre. Il nous fait vivre jour après jour, d'aussi près qu'il le peut, les découvertes, les hésitations, les doutes mêmes de celui qui allait produire la doctrine religieuse la plus répandue sur terre et peut-être la plus universelle.
Point n'est besoin d'être convaincu pour lire avec intérêt et plaisir ce très beau livre. Je n'en connais pas qui ouvrent aussi simplement, de l'intérieur, un contact avec le bouddhisme, cette religion sans dieux. Le bouddhisme est important, en particulier en Asie, région du monde dont le poids dans l'avenir de la planète sera déterminant. C'est une occasion facile et plaisante de ne pas ignorer complètement cette pensée qui peut conduire au refus de la modernité, comme le Tibet, ou au contraire à son acceptation, comme le Japon. Il sera toujours temps, pour ceux qu'elle séduit, de mieux la connaître par d'autres lectures et approches, et d'en comprendre les forces et les limites. Mais c'est une autre histoire.
Quoi qu'il en soit, ce livre a un très grand mérite, au delà de son souci de ne réunir que des faits qui font consensus. C'est qu'il le fait simplement, souvent même poétiquement sans théorie ni dogmatisme. L'auteur n'entre pas dans les arguties complexes dont les commentaires bouddhiques sont parfois friands. Il dit tout cru comment, ému par la misère, la maladie et la mort des êtres qu'il rencontre, cet homme a consacré sa vie à imaginer une réponse à cette douleur qui accompagne notre passage sur terre. Il nous fait vivre jour après jour, d'aussi près qu'il le peut, les découvertes, les hésitations, les doutes mêmes de celui qui allait produire la doctrine religieuse la plus répandue sur terre et peut-être la plus universelle.
Point n'est besoin d'être convaincu pour lire avec intérêt et plaisir ce très beau livre. Je n'en connais pas qui ouvrent aussi simplement, de l'intérieur, un contact avec le bouddhisme, cette religion sans dieux. Le bouddhisme est important, en particulier en Asie, région du monde dont le poids dans l'avenir de la planète sera déterminant. C'est une occasion facile et plaisante de ne pas ignorer complètement cette pensée qui peut conduire au refus de la modernité, comme le Tibet, ou au contraire à son acceptation, comme le Japon. Il sera toujours temps, pour ceux qu'elle séduit, de mieux la connaître par d'autres lectures et approches, et d'en comprendre les forces et les limites. Mais c'est une autre histoire.
Editions XO (2004) - 290 pages
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Dans la ligne d'un certain "code" au succès foudroyant, ce roman nous laisse penser qu'a existé, qu'existe peut être encore, une secte mystérieuse, aussi secrète que possible, et qui détient depuis 2000 ans le secret de la réconciliation entre la foi et la raison. Alors, que ne le montre-t-elle ce secret pacificateur ? C'est que nous ne sommes pas prêts, parait-il. Argument désespéré pour une humanité qui a déjà plusieurs millions d'années d'âge. On reviendra dans deux ou trois millions d'années. Ou plus, si pas d'affinité.
Cet aimable canular aurait-il été mal écrit, je serais parti en courant. Mais JA est un maître. Car au fond, mystification un peu courte à part, c'est à penser autour de cette réconciliation de la foi et de la raison qu'il nous convie. Mais c'est surtout une invitation à fréquenter Averroès (voir son livre : Discours décisif) et Maïmonide dans leur jus. Son savoir, sa documentation, son sens du texte font le reste et, quoique l'on pense du fond, on sort ravi de cette lecture.
L'action se passe au 12 ème siècle dans le monde musulman d'alors, puissant mais en voie de déclin, perdant peu à peu sa tolérance et conduisant à l'exil ou à la mort ses grands hommes, comme le fera l'Europe du 20 ème siècle, d'ailleurs. Bien entendu cette réconciliation foi / raison, parfaitement utopique, n'aura pas lieu et n'aura, à mon avis, jamais lieu. Dialectique parfois utile, peut-être, fusion syncrétique non. Concilier la sécurité du dogme et la force de la révélation avec la sueur, l'incertitude et la responsabilité crue qu'entraîne l'usage de la raison ? On peut rêver.
Et bien, non. Nos braves Éveillés ont piégé Aristote en le déguisant en r-gourou (r- pour "raison", voyons !). L'église chrétienne médiévale avait aussi joué à ce jeu là, sans succès. Ici, notre r-gourou aura été jusqu'à pondre un "super-book", une sorte de bible/coran, qui "révèle" la voie. Pas de chance, il est perdu ; les Éveillés n'ont pas très bien fait leur boulot. Cette incursion de la révélation dans le domaine de la philosophie ne convainc guère. Le livre finit d'ailleurs en queue de poisson.
Il n'en reste pas moins que si je ne mords pas au fond (vous l'aviez peut-être compris ?) je reviens grâce à JA d'un merveilleux voyage avec des philosophes pré humanistes respectables et dont l'audace de pensée m'aide à garder l'espoir au milieu des fondamentalismes que j'ai vécus au XX ème siècle et qui, sous d'autres atours, vivent encore avec succès. C'est déjà pas mal, non ?
Cet aimable canular aurait-il été mal écrit, je serais parti en courant. Mais JA est un maître. Car au fond, mystification un peu courte à part, c'est à penser autour de cette réconciliation de la foi et de la raison qu'il nous convie. Mais c'est surtout une invitation à fréquenter Averroès (voir son livre : Discours décisif) et Maïmonide dans leur jus. Son savoir, sa documentation, son sens du texte font le reste et, quoique l'on pense du fond, on sort ravi de cette lecture.
L'action se passe au 12 ème siècle dans le monde musulman d'alors, puissant mais en voie de déclin, perdant peu à peu sa tolérance et conduisant à l'exil ou à la mort ses grands hommes, comme le fera l'Europe du 20 ème siècle, d'ailleurs. Bien entendu cette réconciliation foi / raison, parfaitement utopique, n'aura pas lieu et n'aura, à mon avis, jamais lieu. Dialectique parfois utile, peut-être, fusion syncrétique non. Concilier la sécurité du dogme et la force de la révélation avec la sueur, l'incertitude et la responsabilité crue qu'entraîne l'usage de la raison ? On peut rêver.
Et bien, non. Nos braves Éveillés ont piégé Aristote en le déguisant en r-gourou (r- pour "raison", voyons !). L'église chrétienne médiévale avait aussi joué à ce jeu là, sans succès. Ici, notre r-gourou aura été jusqu'à pondre un "super-book", une sorte de bible/coran, qui "révèle" la voie. Pas de chance, il est perdu ; les Éveillés n'ont pas très bien fait leur boulot. Cette incursion de la révélation dans le domaine de la philosophie ne convainc guère. Le livre finit d'ailleurs en queue de poisson.
Il n'en reste pas moins que si je ne mords pas au fond (vous l'aviez peut-être compris ?) je reviens grâce à JA d'un merveilleux voyage avec des philosophes pré humanistes respectables et dont l'audace de pensée m'aide à garder l'espoir au milieu des fondamentalismes que j'ai vécus au XX ème siècle et qui, sous d'autres atours, vivent encore avec succès. C'est déjà pas mal, non ?
Editions fayard (2004) - 320 pages
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PE est un écrivain américain contemporain. Ce livre, écrit en 2001, est l'histoire de Monk, un écrivain noir, lui aussi américain, universitaire brillant, dont la production littéraire, fort intellectuelle, est boudée par la critique et les lecteurs. Nul ne lui reproche la couleur de sa peau, mais ceux qui comptent dans le monde fermé de l'édition lui suggèrent d'écrire "plus noir". Cette forme de petit racisme l'exaspère jusqu'à la rage quand il constate que des confrères trouvent le succès en écrivant "nègre".
Seul, un peu méprisé, en situation d'échec familial avéré, vivant médiocrement, il décide dans sa fureur d'écrire une parodie de roman "nègre" à succès. Il en met plusieurs couches pour faire plus vrai que vrai ! Et c'est un succès public gigantesque dont, au début, rigolard, il jouit, sans trop savoir comment réagir.
Le succès amène l'argent, ce qui aide sa situation devenue difficile car il se retrouve soutien de famille de fait. Mais là, tout bascule dans une schizophrénie qu'il ne contrôlera plus, plus profonde que ne serait une simple hésitation entre continuer ou arrêter. Au fond, ces hommes qui l'adulent, ces critiques qui le louent, ne peuvent pas être que des imbéciles. Il a voulu écrire une "merde" et d'autres qu'il respecte y ont vu un grand livre. Alors, qui a écrit si bien ? Un second moi, quand le premier n'y voyait que dérision ? Quel est donc cet être intérieur que nous cachons, que nous "effaçons", qui nous "efface" ? Un ami, un ennemi, un traître ? Un blanc ? Une autre culture ? N'y aurait-il qu'un vernis sur nos faces qui cacherait autre chose, qui l'effaçerait ?
Le roman, bien entendu, ne donne pas une réponse simple, mais nous laisse cheminer. Un très beau livre qui ne se contente pas de raconter, mais nous invite en douceur, en nous faisant lire un texte réussi, à faire un aller sans retour en soi, sujet inépuisable d'extases.
Seul, un peu méprisé, en situation d'échec familial avéré, vivant médiocrement, il décide dans sa fureur d'écrire une parodie de roman "nègre" à succès. Il en met plusieurs couches pour faire plus vrai que vrai ! Et c'est un succès public gigantesque dont, au début, rigolard, il jouit, sans trop savoir comment réagir.
Le succès amène l'argent, ce qui aide sa situation devenue difficile car il se retrouve soutien de famille de fait. Mais là, tout bascule dans une schizophrénie qu'il ne contrôlera plus, plus profonde que ne serait une simple hésitation entre continuer ou arrêter. Au fond, ces hommes qui l'adulent, ces critiques qui le louent, ne peuvent pas être que des imbéciles. Il a voulu écrire une "merde" et d'autres qu'il respecte y ont vu un grand livre. Alors, qui a écrit si bien ? Un second moi, quand le premier n'y voyait que dérision ? Quel est donc cet être intérieur que nous cachons, que nous "effaçons", qui nous "efface" ? Un ami, un ennemi, un traître ? Un blanc ? Une autre culture ? N'y aurait-il qu'un vernis sur nos faces qui cacherait autre chose, qui l'effaçerait ?
Le roman, bien entendu, ne donne pas une réponse simple, mais nous laisse cheminer. Un très beau livre qui ne se contente pas de raconter, mais nous invite en douceur, en nous faisant lire un texte réussi, à faire un aller sans retour en soi, sujet inépuisable d'extases.
Editions Actes Sud (2004) - 365 pages
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