Un lecteur du 21ème siècle, votre serviteur, lit une pièce de théâtre d'un écrivain du 18ème siècle qui raconte la tragédie d'une reine écossaise du 16ème siècle. L'art est difficile et le succès réside dans le caractère intemporel des situations, des personnages, des sentiments. Est-ce bien le cas ici ?
De plus le livre a été écrit en allemand, dans une langue, dit le traducteur, "où s'entrechoquent les mots, ce qui est difficile au français". Une perte d'efficacité certaine..
Les personnages ne me semblent pas parvenir à une véritable profondeur ni à une simplicité ou une authenticité qui leur aurait garanti un peu d'immortalité. Ils se déchirent, se battent, trahissent, s'enflamment, deviennent fous. Ils sont sur une scène, et nous restons spectateurs. Leur humanité reste lointaine et ne nous touche guère. Le costume que leur a taillé la vie est un masque ; nous ne savons pas qui ils sont. Si l'on y ajoute l'emphase des propos, leur religiosité obscure et fanatique, tout cela nous les rend lointains, parfois dérisoires. Que reste-t-il, alors ?
Quelque chose de bien difficile à identifier rend cependant ce livre, malgré ce qui précède, digne d'être lu. L'atmosphère y est d'une lourdeur extrême, chargée dès la première ligne d'une promesse de mort. C'est le seul lien entre les personnages et tout tourne autour de l'exécution attendue, peut-être même espérée par elle-même, de Marie Stuart pour qui son tombeau est bien vite son seul horizon.
Difficile cependant de prendre tout cela très à coeur...