"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Le matou MR (ou RM ?) a encore sorti ses griffes ! Il nous donne là un agréable roman, pure fiction, où les divers coups de patte trahissent une certaine expérience personnelle des sujets traités : monde de l'édition, univers juridique, etc..
Petit bonus pour les vieux cochons, qui, comme chacun sait, sommeillent en nous : le roman a pris quelques degrés de chaleur ; et comme toujours chez MR ce sont les femmes qui en général passent à l'attaque. Amusant, et au fond normal. Vieille pulsion de la recherche du mâle.. pour entretenir l'espèce au moins en principe.
Les deux héros sont plutôt bien campés : un vieux juriste sympathique, revenu de tout, dont la caractéristique essentielle me semble être l'absence, le refus, d'horizon. Jouir, encore un peu, sans casser la baraque. Une espèce de nihiliste repus et joueur, mais généreux. L'autre une jeune godelureau maladroit sait qu'il veut quelque chose mais a bien du mal à savoir quoi, ni comment y parvenir, à plus forte raison. Un personnage sans grand caractère qui, à l'évidence, n'a pas les faveurs de l'auteur.
Les deux êtres, réunis malgré leurs différences par une amusante aventure, collaborent un peu et parviennent à un fort improbable succès. Mais surtout, ils causent, oh surprise, de métaphysique. Discussion difficile car ni l'un ni l'autre n'a de vision du long terme, l'un parce qu'il ne veut pas, l'autre parce qu'il ne peut pas. Alors dieu, là dedans devient de la philosophie sans réelle conviction. Ce qui n'est pas inintéressant, loin de là..
Mais le vrai charme de ce livre vient de son intrigue bien menée, de son caractère simple, direct et de son humour parfois un peu cynique. Un style d'ailleurs souvent plus proche du parlé que de l'écrit chiadé.
Une bonne lecture agréable.
n. b. : Vous souvenez-vous de Orage sur la Calonne de Un château en Sologne de Le TOP 100 des politiques ? Non ? Allez, au travail !
Ce livre, court mais dense, dresse à la fois le constat de notre illusion d'atteindre un âge d'or promis depuis le 19ème siècle, mais aussi le schéma qui nous a conduits à cette impasse et nous laisse aux prises avec un monde dont les fins se sont évanouies.Nous émergeons en effet d'une époque qui, depuis Descartes, a cru pouvoir promettre à l'homme un bonheur terrestre à portée de sa volonté et de ses forces.Une sorte de religion du " Progrès'' s'est instituée donnant à l'Histoire une puissance mythique pour l'accomplir. Elle a remplacé l'espérance d'une rédemption des âmes par l'espoir du bonheur sur terre. Mais au passage, cette espérance individuelle de béatitude est devenue un espoir collectif, voire collectiviste. Les "hommes nouveaux'' n'ont pas manqué...
Lire la suite... Robert Redeker, Le Progrès ou l'opium de l'Histoire
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