"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Monsieur Walter Faber est un homme qui veut que rien n'entrave ses choix ce qui lui permet ainsi de croire qu'à chaque instant, il mène la vie qu'il choisit, guidé par son très raisonnable sens pratique et factuel d'ingénieur. Cette pratique d'indépendance (pas d'épouse ni de partenaire permanente, pas vraiment de domicile, etc.) en fait un solitaire, heureux de vivre, et sans doute aimable, mais…
Mais la vie lui mitonne un "destin" de première grandeur. Qu'il ait manqué Hanna, son premier amour sérieux pour des raisons pratiques, va pour une fois.
Qu'il s'amuse assez cyniquement avec Ivy, sa maîtresse américaine, bon.
Mais Sabeth, une jeune femme, va être son destin. Sa souveraineté absolue se heurte alors à d'autres forces que la raison ne suffit pas dominer, même si elle peut le laisser croire. Et l'impensable a lieu, qui bouleverse trois fois sa vie. Son destin, indirectement, y trouvera son terme.
Ce livre est écrit dans un style vif, sensible et touche juste. C'est autant un roman bien construit qu'une réflexion sur notre capacité à conduire notre sort, ce qui n'est pas sans évoquer le thème de "Monsieur Bonhomme et les incendiaires". Le livre date de 1957.
Editions Folio No 1418
Courte pièce de théâtre écrite en 1955, menée à un train … d'enfer.
C'est bien là qu'elle se termine, là où les héros, morts grillés croient avoir rejoint le paradis. Et, stupeur, cet enfer peut se confondre avec le paradis ! Mais où sont alors nos certitudes, le bien, le mal ? Et les méthodes "copain-cochon" du paradis ne dépareraient pas l'enfer, qui d'ailleurs, écœuré, se met en grève…
Tout ceci est l'issue, combien spirituelle, d'une histoire terrestre qui nous fait craindre que ce soit sur terre que l'enfer se situe déjà. Notre héros, Monsieur B. grillera dans sa propre demeure, après avoir fabriqué par veulerie et lâcheté son propre destin. Il a fourni aux diablotins qui l'entourent les outils de sa destruction - déchéance.
Mais est-ce bien différent, toutes proportions gardées, du sort que nos propres vies nous réservent ? Et n'avons nous pas une part majeure à la qualité de notre destin ? C'est aussi un message d'espoir…
Monsieur B., c'est nous.
Editions Gallimard - Le manteau d'arlequin - 1999
Ecrite en 1947 cette farce théâtrale convoque les grands personnages mythiques qui hantent nos consciences : de César à Christophe Colomb en passant par l'empereur Wang-Ti qui décida de construire la grande muraille de Chine.
De ce charivari, superbement mis en spectacle, émerge un profond scepticisme : aucune vérité ne résiste au temps, même pas l'espérance, refuge de ceux qui cherchent à survivre à ce doute systématique. Nous sommes au lendemain d'une guerre destructrice de valeurs !
Alors, seule la qualité de l'instant reste un espoir de bien et de juste dans ce vide, et l'amour est un mode privilégié de cette qualité.
C'est en tous cas ce que nous disent Roméo et Juliette qui passaient par là !
Editions Gallimard - Le manteau d'arlequin - 1990
Page 312 sur 319