"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
"L'obstination et l'ardeur des opinions sont la preuve la plus sûre de la bêtise" Montaigne, III,8
La littérature japonaise recèle une richesse infinie, et je souhaite à tous de la découvrir un jour. Ses romans du 19 et 20 ième siècles, issus du terrible boulversement qu'a représenté pour cette société jusqu'ici fermée le passage à l'occidentalisation de l'ère Meiji, sont nombreux, sensibles, parfaitement lisibles pour nous. Ils nous rappellent (est-ce nécessaire ?) que les hommes, aussi différents qu'ils se disent où nous sont présentés, sont animés par les mêmes moteurs, les mêmes désirs et utilisent dans les mêmes buts les mêmes startagèmes, les mêmes mensonges et les mêmes expédients. L'auteur, Nagai Kafû (1879 - 1959) est un de ces auteurs de talent. Il a écrit ce livre en 1918 (Okame zasa).
Nous assistons ici à l'ascension sociale d'un peintre raté qui sait se rendre utile jusqu'à devenir, entre de multiples fonctions "de service", financier d'une maison de geishas. Ne dévoilons pas une intrigue amusante, et soyons surtout attentifs au sourire permanent du narrateur qui nous livre des personnages bien croqués, du fils de famille fainéant et jouisseur à la geisha à la cervelle légère en passant par un vieux notable véreux sans oublier notre anti-héros, souple comme un serpent. C'est toute la vie et les comportements des habitants de ce Japon en voie de décomposition qui nous sont exposés là, avec humour et douceur. Le style est direct, léger et tout cela se lit avec gourmandise. Bon appétit !
Éditions Philippe Picquier (1992)
Ce conte oriental, écrit en 1993 a valu le prix Goncourt à Amin Maalouf. Il y décrit la conception ambiguë et le destin d'un jeune libanais des années 1800 - 1850, époque d'intenses désirs coloniaux des européens qui se disputent cette région du monde.
Mais, beaucoup plus que cela, c'est cette intimité avec ce monde doux et violent à la fois, sensible à la beauté et la paix, mais prompt à la vengeance et au crime qui en fait tout le prix. Ce monde c'est un orient, nous dirions aujourd'hui un moyen orient, qui n'a pas disparu et dont les façon de juger, d'agir et de penser nous déconcertent encore. Un monde tribal dans sa forme politique et comme tel valorisant l'homme plutôt que la structure, la parole avant l'écrit, le paraître mieux que l'être. Un monde dont l'évolution, privée des ressources que donne l'organisation de la masse à grande échelle et les institutions collectives fortes, parait problématique encore de nos jours.
Le charme de ce livre, facile à lire et court, tient au style léger, coulant de Maalouf. A lire sans réserve !
Un très beau livre (écrit en 2000), comme P. Q. sait les mitonner.
Il faut aimer ses petites phrases brèves, ses images, ses références culturelles. Alors on le lit comme une gourmandise des sens. On s'attarde ou on passe mais le goût reste fort.
L'histoire est ici celle d'un graveur de talent, au début du 17ème siècle, blessé qui parcourt une partie de l'Europe. Ce long voyage est bien sûr la recherche de lui-même, qu'il trouve dans l'amour, le visage des autres, ou les paysages qu'il grave si bien.
Un très beau moment de lecture.
Éditions folio (2001)
Page 313 sur 331