"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Georges Romey a consacré une partie importante de sa vie à cette discipline et donne dans ce livre très accessible une synthèse de son expérience (700 patients et 8000 rêves !) de cette thérapie.
Pour faire simple, le rêve éveillé est une technique de déblocage psychique utilisée essentiellement pour vaincre des "refoulements" et autres situations pathologiques conduisant à des troubles plus ou moins graves du comportement et en particulier du comportement relationnel. L'esprit n'est pas très éloigné de la psychanalyse, mais avec des méthodes thérapeutiques plus douces. Le patient éveillé laisse venir à lui un flux d'images, hors le contrôle de la raison, comme dans un rêve. Ces images sont en fait des symboles du fonctionnement profond de l'esprit et ne subissent pas le contrôle répressif de la raison. Ces symboles, et leur "grammaire combinatoire" permettent alors de laisser sortir ce qui était jusqu'ici censuré et assurent ainsi l'apaisement, d'une manière que l'expérience clinique montre irréversible.
Ce livre passionnant ne se résume pas. Il est riche de perspectives sur le fonctionnement de notre esprit, au delà de l'aspect thérapeutique pratique. Il est surtout écrit par un homme d'une prodigieuse expérience et d'une profonde humanité.
Lisez-le, vous en sortirez plus intelligent !
Editions Albin Michel (janvier 2001)
Livre assez bref et clair, où un homme mis en cause dans les affaires "Elf "ouvre (une partie ?) de son sac.
On aimera son rapide résumé de carrière et son engagement militaire et dans la DGSE, qu'il présente de manière sensible.
Sa mutation en consultant très bien payé en vendant son carnet d'adresses acquis au service de l'état choquera ceux qui croient au Père-Noël. Il ne suffit pas du carnet ; il faut aussi un certain talent. Et c'est cela qui est rémunéré.
La description d'Elf est un régal pour ceux qui comme moi pensent que lorsque l'état actionnaire garantit un monopole et l'impunité à des incapables actifs et ambitieux, ce qui est souvent le cas car le processus de choix des hommes se fait sur des critères faux, il en fait une maffia arrogante, qui gruge les contribuables et affaiblit à long terme les intérêts du pays : Crédit Lyonnais, Bull, entre autres, en attendant la suite. La lecture attentive de ce livre est à cet égard passionnante.
On attend beaucoup de la justice et des médias dans une telle situation. L'image qui se forme ici est un peu trouble et inquiétante, aussi bien en France qu'en Allemagne ou qu'en Suisse.
Mais surtout sort de cela très assombrie l'image des hommes qui, au sommet des états, ne contrôlent pas ceux qu'ils choisissent, perdus dans le tourbillon de leur propre carrière, et secondés par une administration qui ou bien leur obéit trop ou n'a plus la foi. Car gaspiller l'argent du contribuable est une chose, mais mettre l'état au service d'intérêts douteux en est une autre. C'est bien pourtant ce que ce livre décrit.
A lire d'urgence.
Editions Albin Michel
Pascal évoque souvent des souvenirs de lycée plus ou moins agréables… Cette bibliographie qui se lit comme un roman nous invite (pour moi avec succès) à reconsidérer cet à priori et à redécouvrir un homme qu'en pratique nous ignorons presque.
Nous savions que la seconde partie de sa vie, celle des "Pensées" avait été avant tout une recherche mystique qui a assis sa célébrité. J'ignorais qu'en même temps se poursuivait sa recherche mathématique sur le calcul des intégrales, et qu'en entrepreneur capitaliste il lançait à Paris en 1662, année de sa mort, une société de transport en commun qui aura du succès !
Quel homme, et dans quel siècle ! En 1661, on brûle encore un hérétique place de Grève, mais Spinoza a 30 ans et Hobbes 74 ! Quant à Pascal, la diversité de ses facettes fait rêver. Il assumait jusqu'à sept identités différentes, chacune dédiée à une activité qu'il maîtrisait à la perfection : quasi-théologien, mathématicien, polémiste politique, entrepreneur, moraliste, physicien, mondain, etc. Et ce qui intrigue et fascine est l'unité de l'homme qui se dessine malgré tout derrière une telle diversité. Attali, de manière assez convaincante, identifie cela avec un "génie français". Le premier "intellectuel" en somme, en prise directe avec son époque.
Je crois cependant que Pascal, s'il appartient par ses découvertes physiques et mathématiques au futur, appartient au passé par sa pensée plongée dans le merveilleux religieux. Pascal est un stoïcien pessimiste dont l'Univers donné inclut sans débat possible une entité parfaitement réelle pour lui, Dieu. Le siècle suivant inaugurait une recherche encore vivante aujourd'hui : comment vivre si Dieu n'est qu'un fantasme humain ? On peut se prendre à rêver de ce qu'aurait pu être sa contribution à cette évolution de la pensée… De plus, cet homme si rigoureux dans ses travaux tournés vers la connaissance du monde devient d'autant plus sectaire voire fanatique que les objets de sa polémique religieuse sont flous : âme, grâce, prédestination, péché… Peut-être sentait-il la faiblesse de ces concepts… Sa capacité d'introspection et son génie font que malgré ce carcan idéologique il écrira sur l'homme et sa place dans le monde des choses immortelles, comme lorsqu'il nous rappelle par exemple qu'il ne suffit pas d'éviter l'erreur pour être dans la vérité.
Merci à Jacques Attali pour ce beau livre.
Editions Fayard
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