"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
"L'obstination et l'ardeur des opinions sont la preuve la plus sûre de la bêtise" Montaigne, III,8
Un bien triste moment d'histoire, raconté sans emphase et avec une très belle prose. Les hommes sont tous frères ? Certains le sont moins que d'autres...
L'aventure est peu connue. Au début du XXe Siècle, des Japonais solitaires, implantés aux USA, font venir des femmes du Japon. Ils sont travailleurs agricoles ou manoeuvres et ont menti sur leur profession et sur eux-mêmes pour les attirer.
L'arrivée, après un dur voyage, est une déception à la mesure de leur espoir. Mais la force du temps qui passe rend supportable cette déconvenue. Des familles se créent, les enfants réussissent, s'intègrent, deviennent américains.
Le toit leur tombe à nouveau sur la tête, quand la guerre éclate avec le Japon. L'espionnite saisit les USA : tous les Japonais sont des traîtres en puissance et leur exil est organisé en lieu sûr. Arrachés à leur vie, à leurs biens, à leurs amis, ils sont rejetés hors du monde et voués à l'oubli.
Cette affaire infâme est dite sans cri, sans anathème, dans un souffle épique où toutes ces voix chantent ensemble leur drame, comme un choeur modulant ses larmes pour les rendre supportables.
Une oeuvre de mémoire, originale et belle.
Quel livre ! Un rêve éveillé dans un monde encore proche, celui de la RDA, qui laisse aujourd'hui des traces profondes, pas seulement en Allemagne. Une superbe promenade balzacienne dans la société des 10 dernières années de cette RDA.
Dans un lieu et à une époque indéfinis, mais de structure politique féodale, ce récit est celui de la disparition d'un peuple trop faible pour se défendre et que son suzerain ne protége pas.
Un livre vif, bien écrit qui séduira les lecteurs amateurs d'aventure. A signaler d'abord que ce livre, qui est le premier roman de l'auteur, est édité en format numérique (epub) et en "autopublication". Le blog de l'auteur apporte les précisions voulues.
Une première remarque tient à la qualité, à la fluidité de la langue, qui rend ce livre agréable à lire. Les personnages sont bien posés, sans fioriture psychologique inutile.
On pourrait parler d'un roman de formation, qui se termine par l'échec d'une civilisation et le triomphe de la force brutale, conduisant le narrateur à mettre en doute les principes de son univers policé. Mais n'est-ce pas la règle que les hommes n'ont que les droits qu'ils sont capables de défendre ? Et ne serait-ce pas une dangereuse utopie qu'espérer qu'il en soit autrement ? Car ce serait alors construire des institutions sur des principes que l'expérience infirme.
Restons-en à l'aventure, bien menée, sans effets spéciaux et qui nourrira un très agréable moment de lecture. Que demander de plus ?
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