"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Il s'agit d'une biographie romancée de J S Bach, telle que sa seconde femme, AMB, aurait pu l'écrire. Bref et assez complet, il fait une part assez mince à la musique à travers des propos toujours empreints de vénération et fait, au contraire, une place large à la vie sociale de JSB, riche en querelles et coups de tête.
Ecrit dans les années 1920, ce livre a fait penser un temps qu'il s'agissait d'un authentique manuscrit d'AMB. Il est en fait une biographie, plutôt romantique, de cet exceptionnel musicien, dont la vie privée est en fait assez peu documentée. La passion que lui voue l'auteur en fait une sorte de panégyrique parfois un peu forcé.
Ce petit livre a le mérite de faire connaître de façon vivante les grands tournants de la vie de JSB et sa difficulté à être reconnu à sa juste valeur. Nombreuses furent les luttes qu'il dut mener pour obtenir les postes et les ressources nécessaires à ses tâches ! Des moments de paix et d'accord avec son environnement (Cöthen, Leipzig sous Gesner par exemple) furent cependant particulièrement propices à la composition. Mais on se demande bien ce qui aurait pu l'empêcher de composer ! On reste éblouis par sa fécondité.
Ne cherchons pas ici ce que l'auteur n'a pas voulu ou pas pu y mettre : une analyse, même sommaire de la musique de JSB. Des oeuvres sont citées et replacées dans le temps, mais sans en livrer les clés. Il faut pour cela aller par exemple consulter le superbe livre de Gilles Cantagrel : "Le moulin et la rivière" !
Un livre sympathique et agréable à lire, mais un peu court pour ceux qui connaissent la musique de JSB et ont envie d'en savoir plus.
La vie d'Einstein a flotté sur le chaos politique de la première moitié du 20e siècle. Elle a pourtant été incroyablement féconde et au coeur des progrès scientifiques. Ce remarquable livre nous propose à la fois de partager la vie professionnelle et privée de cet homme exceptionnel, mais aussi de suivre tous les événements dramatiques de cette époque, exposés ici très factuellement et sans leçon de morale autre que celle qui se dégage des faits.
Cinq nouvelles ciblées sur l'influence réciproque de civilisations en contact et sur ce qui peut en naître de fertile. Une sorte de "Bildungsroman" des civilisations ( le discours politiquement correct dit aujourd'hui "cultures") métissées qui cherche plus à convaincre par le coeur que par la raison.
Ces nouvelles ne sont pas indépendantes. C'est sans doute d'ailleurs, ce qui fait le charme de ce livre. Parallèles entre les Espagnols considérés par les Romains comme des sauvages et les Mexicains, à leur tour, sauvages des Espagnols, par exemple. Des doubles s'installent partout, souvent commentés au-delà de leur mort par les protagonistes eux-mêmes. Un chef-d'oeuvre de virtuosité littéraire.
Ce que CF manifeste ici de plus intéressant, à mon sens, est que ces dualités vont au-delà de la neutralité des jeux de miroirs. C'est un métissage, une sorte d'interférence, qui naît là et qui engendre une civilisation neuve, c'est-à-dire une manière nouvelle, partagée par un groupe humain, de vivre le monde, dont les clés ne sont pas données.
Rien ne parle ici, en revanche, à la raison. Un lyrisme souvent extrême, presque emphatique, parfois lasse. Le feu, le sang, la mort m'a toujours paru un truc littéraire, très espagnol, pour donner aux mots un poids que j'attends plutôt de la pensée bien conduite. Ce qui n'enlève rien au panache de ces cinq nouvelles...
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