"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Pourquoi n'ai-je pas vraiment aimé ce livre ? Goût du spectaculaire ? Développements psychologiques qui ne me passionnent pas ? Pourtant, il apporte une plongée dans ce Cambodge meurtri que FB connaît bien (voir Le silence du bourreau ou Le Portail) et il nous convie à une prodigieuse découverte de ses moeurs. Mais la beauté est dans l'oeil de celui qui regarde... alors, je ne m'en prends qu'à moi.
L'intrigue est simple : pour ne pas se mettre à dos les populations au moment où le Cambodge bascule sous l'intervention américaine et sous la férule des Khmers Rouges, la représentation française décide de ne pas classer un crime étrange, mais de lancer une investigation approfondie sur lui. Dans ces périodes troublées, seule l'équipe de la "Conservation" de Siem Reap (Angkor) peut encore pénétrer, comme cela s'avère nécessaire, dans les zones reculées de la forêt cambodgienne.
L'aventure commence alors pour une équipe haute en couleurs, accompagnée de deux femmes et d'un guide cambodgiens, qui parviendront au lieu mythique appelé "Le Saut du Varan". En chemin (et quel chemin !), ils s'initieront aux coutumes et aux rituels de peuples presque isolés que l'on croyait disparus et ils résoudront l'énigme du crime, le tout à un prix terriblement élevé. Le livre donne à sentir d'une façon remarquable et bien documentée tant les paysages traversés que l'esprit de ses habitants. Il fallait pour cela toute l'érudition de FB.
Certaines descriptions sont en revanche longues, très longues, plus que ne le supporte mon intérêt, ce qui n'ôte rien à leur valeur. Même remarque pour des analyses psychologiques ou des réflexions à mon goût trop pesantes.
Etant persuadé que ces remarques ne concernent que moi et étant donné que la qualité et l'originalité du récit sont réelles, je recommande donc la lecture du livre à ceux que ce pays, ou simplement l'aventure, intéressent. Ils ne seront pas déçus
L'auteur parcourt le chemin de la première croisade (1096) et tente à la fois de se représenter les péripéties de cette épopée, mais aussi d'en mesurer les traces dans la mémoire locale des personnes et des lieux. Il ne sera pas déçu, en particulier dès qu'il aborde la Turquie.
Lire la suite... Jean-Claude Guillebaud, Sur la route des croisades
Cet excellent polard psy, d'une grande perversité, est en fait un traité de l'art de poser des tapettes à souris sans se faire pincer les doigts. Vous voyez ? Non ? Alors, lisez-le, vous comprendrez mieux.
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