"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
"L'obstination et l'ardeur des opinions sont la preuve la plus sûre de la bêtise" Montaigne, III,8
Oubliez Rousseau et lisez Mo Yan. Vous comprendrez que l'homme est une sale bête et qui il construit sa société à son image. Et, même si tout cela se passe en Chine, nous saurions faire aussi bien.
Un chantier isolé, semi-disciplinaire, accueille pendant la ReVoCu quelques pauvres types pour construire une route improbable conduisant on ne sait où. Pauvreté extrême, quasi-famine, petits chefs, tout semblerait réuni pour le pire. Mais cette pauvreté n'est pas misère, la famine reste quasi et les petits chefs baissent les bas quand on ne leur obéit pas. Mo Yan est passé par là, car je soupçonne que la réalité de ces camps de travail devait être effroyable. Tout cela raconté avec un humour détaché, impayable et bien propre à notre excellent auteur.
Deux germes de passions vont, par les actes qu'ils suscitent, chambouler l'équilibre de ce monde fermé : la découverte d'un trésor et le passage de femelles chez ces mâles frustrés. Je suis certain que vous anticipez déjà les dégâts. Vous avez tout à fait raison, il va y en avoir.
Mo Yan, lunaire, gentiment délirant et drôle, ne faillit pas ! Bonne lecture. Voir aussi "Le maître a de plus en plus d'humour"
BK a écrit là un très grand roman, qui dévoile une part importante de ses convictions, reflets de notre modernité inquiète du destin des hommes et de notre terre, dans une prose sensible et poétique, superbement traduite.
Le récit se déroule sur un mode "biblique", mais débarrassé des dieux abstraits. Six destins vont s'y dérouler, allant tous de la faute (l'ignorance, le fanatisme, la bêtise ?) à la rédemption (six saluts très divers) en passant par l'épreuve. Et, quelle épreuve ! L'action se passe dans le Congo belge des années 1960, où les hommes sont en survie et qui se déchire pour une indépendance qui lui est dérobée. La souffrance et la mort y sont monnaies courantes.
Lire la suite... Barbara Kingsolver, Les yeux dans les arbres
Un livre déconcertant à première lecture, pour ceux qui cherchent aux effets, leurs causes. Et pourtant, c'est peut-être la meilleure façon d'aborder la Turquie profonde, que cette approche sensible, éclatée, presque hébétée. OP a reçu le prix Nobel de littérature en 2006.
La neige tombe en abondance et transforme un village anatolien en un huis clos, où les pires passions et elles seulement, vont se déchaîner au coeur d'un "silence qui donnait l'impression d'être celui d'un rêve". Certes, tous les rêves ne se déroulent pas chez les fées, mais ici, OP nous jette au milieu de démons violents, irrésolus et velléitaires. Et l'on sait bien aussi que les rêves révèlent un peu de ce qu'on cache, aux autres et à soi-même.
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