"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Le monde romain a été pendant près de 1000 ans la matrice de notre Occident. Son histoire est notre histoire et ce manuel, d'une lecture agréable, permet d'en prendre une vision complète.
Le livre rappelle, à juste titre, combien ce monde romain vit encore en nous : notre langue, nos lois, nos institutions, notre philosophie, etc. Sans négliger tout ce qui, dans notre civilisation, nous caractérise sans que nous en soyons conscients. Nous sommes les lointains rejetons de Cesar, Auguste, Marc-Aurèle, Dioclétien, Hadrien, mais aussi Néron, Elagabale ou Théodose, pour n'en citer que quelques-uns.
Mille ans ( en ne parlant pas de l'Empire byzantin) ! Il est presque incroyable que des institutions, qui ont certes évolué, mais dont la charpente a été stable, aient perduré ainsi. Et ceci, en dépit des coups de bélier que des hommes leur ont donnés, des hommes avides de jouissance et de pouvoir, en lutte entre eux pour ce pouvoir et indifférents à l'avenir de leur civilisation. D'autres, heureusement, avaient une autre carrure et savaient effacer ces errements et rendre à Rome sa puissance.
Il me semble d'ailleurs que l'histoire de Rome nous tend une perche pour comprendre le monde. Que serait-elle devenue sans ces institutions, nombreuses, complexes et évolutives, mais toujours présentes ? Que serait-elle devenue si, au lieu d'institutions politiques organisant la vie de l'empire, Rome avait émergé sous une structure tribale ou clanique, où l'homme est seul et où tout disparaît avec lui ? Cette solidité de Rome fut certes sa force, mais ce fut surtout, à mon avis, son organisation institutionnelle qui garantissait quelque pérennité, au-delà des folies d'hommes remplaçables. Puissent ceux, qui dans le Moyen-Orient de 2011 cherchent une issue à leurs révoltes, se souvenir de cet exemple.
Ce livre est non seulement utile par les faits qu'il rapporte, mais aussi par les pauses fréquentes où il fait un point d'étape sur les changements survenus, dans tous les domaines, de cette civilisation. C'est bien entendu un livre de référence, mais il se lit aussi comme un roman. Une réussite.
Les enfants, derniers dieux des hommes, ont pris (insidieusement) le pouvoir. Ce qu'ils disent est absolument vrai (Outreau pas loin !), leurs souhaits sont des ordres, etc. Préserver leur santé est le plus haut des devoirs. Alors, fumer une clope, aux toilettes, au nez d'une gamine c'est grave !Très grave.
BD joue avec nos fantasmes de pureté sans compromis, de fanatisme idéologique écolo - bobo, qui a gagné jusqu'aux institutions. La justice, par exemple rappelle ici l'inquisition ou les procès soviétiques : je n'ai pas besoin de preuve ; puisque je le dis et que je suis du bon côté, c'est vrai. Puisque quelqu'un craint quelque chose, c'est qu'il y a un danger.
Ce monde imaginé par BD est une prolongation du nôtre, dans ses peurs absurdes, ses dogmes sans fondement (un dogme n'en a pas besoin !), dans sa recherche désespérée d'avoir quelque chose à croire. Nous n'en sommes plus si loin, quand on voit les institutions perdre leur sang-froid pour hurler avec les loups (Merkel accréditant la peur du nucléaire, Sarkozy gaspillant des sommes folles pour des nuages de CO2, sans parler des dérives des juges.
Dommage que ce roman soit d'une écriture aussi moyenne et d'une construction faite à la va-vite. Il perd une part importante de sa crédibilité, si tant est que BD eût l'intention de nous avertir du danger décrit.
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