"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Un titre provocateur, quelques bonnes remarques sur ce qu'est la littérature, voilà de quoi ne pas trop regretter le temps passé avec ce livre, abusivement paradoxal.
Tout repose sur une ambiguïté bien entretenue, qui est la confusion entre lecture, critique et culture littéraire. Oui, il est vrai que la culture littéraire ne passe pas par l'impossible lecture de tous les livres, mais de là à affirmer que "la critique atteint sa forme idéale quand elle n'a plus aucun rapport avec une oeuvre", c'est jouer avec les mots.
Répéter que la lecture d'un livre n'est pas nécessaire pour en parler (c'est le thème de cet essai) est prendre un concept pour un autre. Il n'est pas nécessaire d'avoir tout lu (et d'ailleurs impossible) pour parler de littérature, soit. C'est d'ailleurs une évidence. En revanche, parler d'un livre spécifique sans l'avoir lu, c'est se placer délibérément en dehors de ce livre et de se contenter de le situer.
C'est d'ailleurs une maladie de notre époque que de parler de tout sans connaître l'objet de nos dires, comme on peut le constater par exemple à l'occasion de l'accident nucléaire du Japon, où l'ignorance du fait nucléaire conduit les commentateurs à tout confondre au profit du catastrophisme et du spectaculaire.
Ce livre, d'ailleurs facile à lire et bref, fait donc pour moi partie de cette culture de l'approximatif, alors qu'au fond il rappelle (mais ce n'est pas une découverte) qu'il ne faut pas que les arbres (les livres) cachent la forêt (la culture littéraire). Ce n'était pas la peine de faire de telles manières pour dire cela.
L'Islam fait peur à l'Occident, en partie parce que celui-ci l'ignore et ne le comprend pas. Ce livre apporte une vue analytique et bien documentée de l'Islam actuel et de ses divisions, dont bien des actes sanglants que nous livre la presse sont des conséquences.
Bien entendu, tout est à lire. Mais s'il fallait ne choisir qu'un chapitre, c'est à mon avis celui intitulé "La bataille d'Europe" qu'il faudrait privilégier. Il nous touche évidemment plus directement, parce qu'il offre une grille d'analyse de ce qui est en jeu chez nous.
Ce livre me paraît admirable d'une double manière : une approche, par des faits concrets, de la substance de la civilisation chinoise, sans intellectualisation et une leçon d'apprentissage, donnée par Matteo Ricci, par le respect et l'immersion, d'une culture profondément étrangère.
Il s'agit de l'histoire de la mission effectuée au 17e siècle par un jésuite, Matteo Ricci, pour tenter, pour la première fois, d'implanter le chritiannisme en Chine. Une illustration de la difficulté de l'entreprise est, par exemple, l'ignorance nourrie de fantasmes de la situation géographique de ce pays, de sa langue, de sa culture. On pensait même qu'il pouvait exister deux Chines (l'une appelée Cathay) dont l'une serait un ancien royaume chrétien. Pour ne rien dire de l'hostilité des chinois aux barbares étrangers.
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