"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Ce livre est à un grand roman ce qu'une balade en bateau-mouche est à une croisière. Agréable, sans grande surprise, propre à la détente et bref. On part sans inquiétude et on rentre sans tourment.
On apprécie l'ironie distante de BD à l'égard de ce monde des métiers intellectuels de la presse : critique littéraire ou de musique, pigiste occasionnel, correcteur, etc. Coups de patte sur la veulerie de certains, leurs prétentions, leurs moeurs.
Une écriture directe,coulante, mais assez lâche, rend la lecture rapide et facile. C'est parfait pour un moment de délassement.
"Avec le temps, la vie s'avère toujours plus forte qu'une doctrine abstraite", nous dit SZ en 1936, face à la montée du national-socialisme totalitaire. Et, quand ici il dit "la vie", c'est à son ingrédient majeur, la liberté de penser, qu'il fait allusion en l'illustrant par la lutte à mort menée par Calvin contre ses contradicteurs.
En effet, il n'y a pas, à ses yeux, de vie bonne sans liberté de penser et liberté de le dire et de l'écrire. Il y voit la dignité de l'homme autant que la condition de son progrès et de son épanouissement. Aucune doctrine, politique, scientifique, religieuse ou autre n'a de valeur absolue ni ne peut ni ne doit, s'exempter du questionnement sur sa validité. Les scientifiques le savent, qui en ont fait leur outil et leur marque distinctive. Les autres en sont loin et lorsqu'ils veulent affirmer la prééminence de leur doctrine, toujours fragile intellectuellement, c'est par le recours à la violence et à la terreur qu'ils peuvent seulement le faire.
Si la raison conduisait la marche du monde, le principe de précaution n'existerait pas, car il est illogique et terriblement coûteux, puisqu'il oblige à dépenser en protections contre l'inconnu des sommes qui auraient été utiles face à des risques réels. Au fond, sa meilleure application serait de se saborder. Il n'est qu'un masque luxueux, créé pour dissimuler nos peurs et les limites de notre pouvoir.
Lire la suite... Jean de Kervasdoué, La peur est au dessus de nos moyens
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