"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Ce livre écrit au 1er s. avant notre ère conforte notre sens d'une permanence profonde des comportements humains à travers temps et espace. La structure sociale change et les rituels de cohésion aussi, mais la matière humaine dure.
Il s'agit de la part "biographies" d'un immense livre d'histoire chinois, référence encore incontournable de cette époque. Ces biographies sont assez brèves (10 pages environ) et comportent en général une appréciation par l'auteur (l'historien) des événements rapportés. Cette appréciation est en général ce qu'un bon confucéen devrait penser des faits décrits.
Ce qui me frappe est l'actualité de comportements dont l'habillage social a certes changé, mais pas le fond, mais aussi les jugements de "l'historien", qui reflètent une sagesse parfaitement intemporelle. Un tel n'est pas à la hauteur de sa fonction ? Nous aboutirions aujourd'hui à la même constatation. Affaire du jugement (non de principes ou d'idéologie) et de courage de l'affirmer.
De ces biographies se dégage la réflexion d'un homme, érudit et bien informé, sur le "bon" gouvernement. Certes l'inspirateur est Confucius, mais lorsque SQ affirme, par exemple, que gouverner par des lois n'est pas un bon gouvernement et n'incite pas les hommes à la vertu, mérite de s'y arrêter. SQ suggère plutôt de gouverner par des activités collectives, les "rites". Songeons, par exemple au mal que nous nous faisons en supprimant, sans les remplacer par autre chose, les "rites" comme le service militaire !
Ajoutons à cela la qualité du texte et la remarquable traduction, sans oublier une préface qui recadre bien ce remarquable livre.
L'homme, métis originaire de la Guadeloupe, est peu connu, mais mérite de l'être mieux, eu égard à ses talents intellectuels et physiques exceptionnels. Mais surtout cette biographie romancée rend vivante à nos yeux cette époque de la révolution française, mythifiée, mais guère mieux connue que notre chevalier.
Certains connaîtront peut-être le "Chevalier de St Georges" par la musique qu'il a laissée, dont une part modeste de sa production est disponible en enregistrement. On lui attribue sept opéras, plus d'une centaine de concertos, trois symphonies, douze quatuors à cordes, et plusieurs sonates... Il eut aussi un rôle clé dans la vie musicale de cette fin du 18e siècle, commandant à Haydn ses symphonies "parisiennes", animant un des meilleurs orchestres du temps, etc. Et pourtant, l'oubli est presque total.
Sa vie, de sa naissance "illégitime" à la Guadeloupe à son engagement comme colonel dans l'armée républicaine où une dénonciation calomnieuse brisera sa vie, en passant par ses succès parisiens (à l'épée, dans les salons, auprès des nobles et du peuple, auprès des femmes, y compris Marie-Antoinette) et son engagement vis-à-vis de ses frères de couleur, fera de lui un être exceptionnel, une improbable comète. Ce livre nous fait remarquablement vivre et partager ce parcours haletant.
Mais il nous donne aussi l'occasion de nous plonger dans les années qui précèdent la Révolution, l'aveuglement des nobles français, la misère que ni le roi ni son entourage ne voulaient voir, l'oubli du réel dans de folles dépenses de divertissement. La sanction fut-elle juste ? Sans doute, même si ses excès, ses injustices, son fanatisme ne plaident pas en sa faveur. Tout cela décrit dans un style vivant, certes romancé, mais qui se lit d'un trait.
Un excellent livre d'histoire, vivant et d'accès agréable.
AK est considéré comme le fondateur de la littérature moderne de la Finlande. Ce livre inclassable, écrit en 1870, raconte l'épopée de 7 frères, qui, après avoir été de véritables voyous, s'assagissent au contact de la nature et retrouvent leur place dans la société.
Très liés entre eux, excessifs, explosifs même, les 7 frères, paysans d'un village finnois entouré de forêts et de lacs, ont une jeunesse faite de bagarres et d'alcool qui tourne vite assez mal et leur vaut la réprobation de leur village. Incapables de se plier à une discipline, ils deviennent à tel point insupportables qu'ils doivent s'exiler.
Là, il faut vivre, cultiver, chasser, s'abriter pour l'hiver, ramasser du bois, etc. Pas d'autres solutions que le travail, qui sera en fait leur salut et les rendra plus sociaux. Ils retourneront au village, prendront femme et auront beaucoup d'enfants...
Ce roman de formation est truculent, plein d'anecdotes, d'expressions croustillantes qui le rendent original et souvent drôle. Un agréable moment de lecture.
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