"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Ce catalogue, édité à l'occasion d'une exposition au musée Cernuschi (18/09/2009 - 3/01/2010), porte sur un ensemble de statues, essentiellement du 5 et 6e siècle, provenant du Shandong, au nord-est de la Chine.
Ce catalogue semble mériter une attention particulière pour plusieurs raisons.
D'abord, ces statues représentent, à mes yeux, un moment exceptionnel de la statuaire chinoise et particulièrement celle réalisée à l'époque des Wei du Nord (386-534). Le catalogue, dont l'impression est exemplaire, apporte une représentation fidèle de ces pièces.
Ensuite, les textes qui ont été retenus donnent au lecteur une occasion de saisir les chemins pris par cette apparition d'un art bouddhique original en Chine, qui venait de s'ouvrir à cette pensée en pleine évolution. Ils apportent aussi les références utiles à la compréhension, plus générale, du bouddhisme chinois.
Enfin, l'histoire de la découverte de ces statues est étonnante à elle seule !
Mais, bien entendu, rien ne vaut la visite ...
Ce livre, dont la lecture ne peut qu'être attentive, sera utile à ceux qui, comme moi, voient bien qu'il y a une vertu essentielle dans cette peinture, sans pour autant savoir exactement quoi. Et sans doute ne sauront-ils pas grand-chose de plus en le fermant, mais sentiront-ils un peu mieux l'éblouissant parfum de chair et de temps qui s'en dégage.
Kenji Miyazawa (1896 - 1933) est un auteur admiré au Japon, souvent peu connu chez nous. Entre le fantastique et le rêve, modeste et poétique, il donne du Japon une image bien différente des clichés habituels. Sa lecture est un enchantement que je vous recommande, si vous avez encore une petite fibre de fraiche candeur disponible...
On pense souvent au fantastique comme à une sorte de délire rationnel. Ici, rien de cela. Un poteau télégraphique tombe amoureux d'un autre (une autre !), les diamants sont des gouttes de rosée, un Homme des Montagnes tient ses promesses, etc. Vous ne vous y retrouvez pas ? Quelle importance, puisque l'important est de se perdre et d'être bien en le faisant.
KM se promène toujours au milieu de ce petit peuple japonais, pas riche du tout et qui cultive sa terre. Cette symbiose avec la nature s'affirme ici deux fois, à travers le statut de paysan de la grande majorité des personnages, mais aussi à travers le bouddhisme profond dont sont imprégnés l'auteur et la société qu'il décrit.
Et tout cela est rempli d'une gaité discrète, d'un accord au monde, lui aussi très bouddhique, qui font plaisir à lire. Ce livre sensible et plein de rêves est un vent de fraicheur que je vous recommande !
Voir aussi "Le train de la Voie lactée".
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