"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Ce livre est le produit de l'expérience personnelle de l'auteur, membre de l'Ecole Française d'Extrême-Orient, qui a vu le Cambodge, pays qu'il aime et qu'il connait, déchiré, anéanti dans sa chair et sa culture, par les Khmers Rouges (KR), mais aussi par le soutien dont ils ont bénéficié en France et par l'action cynique et incompétente des Usa.
SZ tente de répondre à la question que pose le nom "Amérique", nom qui aurait dû être "Colombie", d'après son découvreur historiquement avéré. Erreur historique, dont l'origine n'est pas si simple !
Cette question n'a d'ailleurs pas de réponse définitive et incontestable, mais S Z fait sienne l'hypothèse selon laquelle, à l'insu d'Amérigo Vespucci et de Christophe Colomb (voyageurs contemporains), les éditeurs ont fait passer Vespucci, dont les textes avaient une certaine notoriété, pour le premier à avoir posé le pied sur ce continent, sans doute pour mieux vendre leur production. La thèse est étayée et elle apporte les solutions les plus simples aux questions restées sans réponse jusqu'ici.
Il n'en reste pas moins que, cela semble historiquement confirmé, Amerigo Vespucci a été le premier à affirmer et écrire que la terre nouvellement découverte n'était pas la Chine, mais un "Nouveau Monde" et que, tracer une voie nouvelle vers l'Inde, supposait son contournement maritime. Ce que, en dépit de deux essais ultérieurs, il ne réussira pas à accomplir.
Christophe Colomb, quant à lui, restera persuadé qu'il avait atteint la Chine...
Le style de S Z (et la bonne traduction) nous valent une biographie très réussie de cet Amérigo inconnu ou presque, mais qui aura, de son prénom, et sans l'avoir cherché, fait un étendard dont on n'a pas encore fini de parler.
Ce livre est un régal pour ceux qui s'enthousiasment pour les longues analyses psychologiques. Sa finesse rappelle souvent Arthur Schnitzler ou Stefan Zweig. Il n'en reste pas moins que des navigations dans des eaux aussi instables et pour des durées aussi longues, peuvent parfois donner le mal de mer.
L'intrigue se noue autour de deux lignes essentielles. L'une est l'évolution plutôt dramatique de rapports amoureux de couples, à l'intérieur ou en dehors du mariage. L'autre est la description d'une société bourgeoise qui a, en grande partie, perdu ses repères et sa détermination (basée sur l'espoir du progrès ?), qui en constituaient jusque-là, l'armature solide.
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