"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
"L'obstination et l'ardeur des opinions sont la preuve la plus sûre de la bêtise" Montaigne, III,8
La prolifération de l'arme nucléaire effraie, à juste titre et tout particulièrement quand elle touche des Etats, où la perspective du suicide pourrait faire partie de la stratégie, ou, au moins, n'en n'est pas exclue. Cet excellent livre aide à y voir clair.
Le TNP (Traité de Non-Prolifération) est un bien faible bouclier. Son texte permet à Israël de ne pas faire partie des puissances nucléaires en toute légalité et d'échapper aux contrôles, par exemple. Les Etats nucléaires s'y étaient engagés à renoncer à l'arme atomique à terme ; on sait ce qu'il en est... Et ceux qui le violent délibérément trouvent une réaction bien molle en face d'eux. De plus, la frontière entre civil et militaire est floue et chacun joue là dessus. L'Iran le prouve. Enfin, au pire, sortir du TNP n'a que peu de conséquences.
L'idéal des créateurs de la bombe américaine, comme Oppenheimer, conscient du danger, était que ces techniques d'armes restent sous contrôle des Etats. Cela aussi est en train de s'effondrer, et c'est tout l'objet de ce remarquable livre, qui montre bien la dissémination croissante de ce savoir-faire.
En effet, plusieurs Etats, dont le Pakistan, ont développé l'arme nucléaire avec des méthodes fondées sur le vol délibéré de savoir-faire, qui, après la guerre de 1940, était assez mal protégé. Dans des Etats faibles comme celui-ci, ce ne sont pas les institutions qui dirigent, mais les hommes, laissant la porte ouverte à toutes les ambitions et à tous les excès. Au Pakistan, la fabrication de la bombe par Abdul Qadeer Khan, qui a été couvert et payé par quelques hommes puissants, a conduit à une appropriation quasi personnelle de ce secret par lui. De plus, il a réussi à s'approvisionner en équipement et en matière fissile par d'incroyables réseaux mondiaux, toujours en place.
Le résultat est que cet homme a, après l'aboutissement réussi de son entreprise au Pakistan, a décidé de vendre son savoir-faire et ses réseaux d'approvisionnement à tous ceux, Etats ou non, capable de le payer. D'où ce que l'on sait sur l'Iran, par exemple. Mais aussi tout ce que l'on ignore et où le livre propose quelques pistes.
Cet essai est particulièrement remarquable par sa documentation, qui justifie chaque affirmation, et par sa réflexion stratégique qui tente de donner un lien à tout ce qui est observé, tout en proposant quelques perspectives. Un essai indispensable pour tous ceux que la stratégie politique des Etats intéresse.
L'auteur, un homme truculent qui se veut absolument libre, nous fait vivre, sans tolérance, les tribulations d'un village chinois et de deux citoyens "exemplaires" face au communisme local. C'est explosif, iconoclaste à souhait et toujours jubilatoire.
Une histoire à dormir debout, prétexte à une description joyeusement féroce des rapports humains, en particulier au travail. Un excellent moment de lecture, pour remonter le moral et oublier les grèves de la RATP, la religion du CO² et autres c...
Un homme jeune et beau perd sa femme (jeune et belle) et en ressent un peu de gêne, sans plus. Donc il s'installe toute la journée dans sa voiture, devant l'école de sa fille, où il vaque à ses affaires. Naturel, n'est-ce pas ? N'eussiez-vous point aussi fait de même ?
Ce lieu privilégié devient alors, au sein du chaos personnel du héros (mais si !), un confessionnal inattendu, pathétique et réjouissant. Collègues, anciennes et futures maitresses, petits employés et grands patrons, avec ou sans chiens de compagnie, tous vont défiler, étaler leurs turpitudes et leurs analyses et recevoir sinon l'absolution, du moins quelques soulagements de leurs états, à vrai dire, pas très brillants.
Ce brassage chaotique d'intimités reste calme, léger et jubilatoire, jusques et y compris, dans la pénétration paroxystique du fondement d'Eleonora. Pour conclure qu'on connait bien mal ceux qui nous sont les plus proches, pour ne rien dire des autres.
Le style est au diapason, avec des dialogues courts et souvent pleins d'humour, comme l'est tout ce roman qui ne se prend jamais au sérieux. Bravo.
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