"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Quel pavé ! Un roman historique ??? Et bien, rassurez-vous, lecteurs, vous ne vous ennuierez pas un instant. Peut-être même attendrez-vous le tome 2, puisque le titre le laisse prévoir.
D'abord, le 11e siècle n'est pas une époque dont on parle beaucoup, à ma connaissance. Les grands progrès qui allaient donner sa prospérité au 12 et 13e siècle se mettaient juste en place. Le roman d'ailleurs en cite quelques-uns, par exemple l'évolution des techniques d'élevage. Il y en aura bien d'autres qui permettront en particulier les cathédrales et la peinture et la sculpture associées. Ce n'est pas la foi, mais les ressources économiques abondantes, concentrées au forceps par l'église et certains civils puissants, qui ont permis cette éblouissante explosion de superflu.
Ce livre est une déception. J'espérais y trouver la réflexion d'un ''insider'' sur la place du nucléaire et les questions économiques, sociétales et politiques qu'il pose. Je n'y découvre qu'un bréviaire, bien pensant et en ligne avec la mode, sur le devoir de réduire les émissions de C02.
En dépit des anathèmes et des débats presque violents sur le rôle de l'homme et du CO2 qu'il émet, rien de prouve aujourd'hui que cette émission est la cause des changements climatiques. Les scientifiques (pas ceux qui se proclament tels, mais les vrais) sont divisés, ce qui est normal en période de recherche. De plus, la proportion de ceux qui pensent cette hypothèse fausse, est en croissance. Ce sont les médias, pour vendre, et des hommes publics, souvent heureux d'avoir un rôle, qui ont transformé cette recherche en une série de dogmes religieux, dont ils sont les grands maîtres de l'église.
Alors, que A.L enfourche le CO2 pour justifier le nucléaire est soit stupide, ce que je ne crois pas, soit de mauvaise foi.
Stupide, car si les années qui viennent montrent que l'hypothèse CO2 humain est fausse, alors sa plaidoirie se retourne contre le nucléaire si c'est la seule raison de le choisir.
Mauvaise foi, peut-être, en utilisant un argument douteux pour valoriser le nucléaire, le temps que dure cette religion. Mais, qui serait dupe ?
Ce sacrifice aux idées du jour me semble en total décalage avec les responsabilités d'AL dans des produits dont l'horizon stratégique des décisions dépasse 50 ans.
Le nucléaire passe ici de l'anathème écolo à une pauvre ruse mal ficelée. Il mérite mieux que cela ! Un livre inutile, complaisant et superficiel.
L'auteur, d'origine syrienne, était lui-même un homme du désert, un Badawi (Bédouin). Sa propre histoire est à l'origine de ce roman, sensible et doux, qui raconte un exil douloureux et destructeur.
Notre jeune Badawi a la chance d'avoir une tête bien faite et un fort caractère. Tout en mesurant à sa valeur sa vie de jeune bédouin (et aussi en en souffrant, car souvent traité de "paysan"), il prend conscience que le monde est plus vaste que sa sphère d'origine.
Ses relations distendues et chaotiques avec sa famille vont l'inciter à se focaliser sur l'école et le succès qu'il y rencontre. Il deviendra ingénieur, spécialiste des hydrocarbures et devra exercer son métier loin de sa terre natale et de son premier amour. L'exil est impitoyable : souffrance du déchirement, mais conscience d'un impossible retour.
Au-delà de cette intrigue, simple et touchante, qui suppose une expérience personnelle de cette situation, il me semble, le lecteur aimera cette promenade dans le sable, sous le soleil, en compagnie d'un tel guide.
Un très agréable roman.
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