"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
"L'obstination et l'ardeur des opinions sont la preuve la plus sûre de la bêtise" Montaigne, III,8
Implacable, la souffrance lancinante suspend le temps, insensibilise, isole. C'est ce que ces nouvelles nous disent et nous font sentir.
Qu'elle soit violente (Gyrophare), ou sourde (Dix-huit, peut-être dix-neuf décembre), cette souffrance occupe tout l'espace, absorbe tout l'air disponible. Plus rien ne bouge, plus rien n'a de sens, plus rien n'importe. L'ère glaciaire s'installe...
Le monde n'est plus que le décor de la mise en scène d'une déchirure irréversible de destins brisés.
Ces nouvelles mettent remarquablement en musique cette désespérance souvent silencieuse. Le ton est factuel, les petits événements s'accumulent sans jamais constituer un récit, mais le simple contexte où se joue l'éternité d'une souffrance qui y est désespérément inscrite.
Malgré le pessimisme qui en émane, ce livre a la beauté du diable. Il est profondément original, même si, parfois, il semble un peu inabouti.
Les ambitions qui échouent signent les actes infâmes d'êtres infâmes. Les actes issus de celles qui réussissent manifestent le génie des héros nimbés de sublime pureté. Et, de tout temps, nous y croyons. N'est-ce pas Staline, Mao, Soros, etc., noirs héros ? C'est ce que cette pièce de théâtre explore, en mettant en scène un général d'exception, un alter-impérialiste si j'ose écrire, qui se rêvait Empereur à la place des Habsbourgs.
Ce portrait coloré d'un monstre sacré du Siècle des Lumières mérite tout à fait notre intérêt. Vivant, incisif, il nous entraîne à imaginer une époque où le scepticisme vis-à-vis du pouvoir ou de la religion était une prise de risque qui pouvait encore s'avérer mortelle.
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