"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
J'ai parfois du mal à comprendre pourquoi un livre ne me captive pas, surtout si les personnages sont bien campés, réalistes et qu'existe une intrigue crédible. Tout cela est réuni dans ce roman et, pourtant, j'ai eu du mal à le terminer.
L'intrigue d'abord.
Comme le dit le titre ironiquement, elle tourne autour des tranches de vie conjugale ratées. Soit. Mais, si un tel exposé ne réussit pas à toucher quelque chose de plus profond, de plus essentiel, on reste dans le roman de circonstance, que l'on appelait "de gare" autrefois.
L'intérêt viendrait plutôt de cette description de la société américaine, contrastée et conflictuelle, partagée entre ses libéraux gauchisants et ses puritains dogmatiques et inhumains. Il vient aussi à l'exposé du rôle omniprésent de la justice (ou de la police) et des médias dans la vie intime de l'Amérique profonde. Si nous n'en sommes pas encore là en Europe, nous y allons cependant à grands pas...
Des personnages crédibles.
Le personnage du narrateur, la mère, est sympathique et donne envie de le voir réussir à s'en sortir. La fin le laisse comme une possibilité. Tous les personnages sont d'ailleurs réalistes, au point que j'ai parfois reconnu des profils existants... ou presque. Le vieux libéral tolérant, coureur de jupons, chaleureux et instable est tout à fait réussi, par exemple.
L'écriture enfin.
C'est pour moi le point faible du roman. Tout est dilué, interminable, sans doute pour ménager des effets de suspens, souvent en forme de pétard mouillé. On sait ce qui arrive, mais il faut cinq pages de remplissage pour l'atteindre. L'ennui et l'envie de terminer gagnent. Quant à la traduction du titre...
Un gentil chromo, bien fait et sympathique. Faut-il essayer un autre titre de cet auteur ?
Voici un très gros roman d'espionnage, impressionnant par les détails qu'il donne de l'univers bien particulier des services de renseignement et des pratiques des marchands d'armes "officiels". En revanche, le texte foisonnant de personnages et riche de détails qui veulent ancrer l'intrigue dans la vie réelle, en rend la lecture un peu lourde...
Tout cela est-il réel ? Je n'ai aucune compétence pour en juger, mais il semble que l'auteur ait fait valider son intrigue par des spécialistes. Alors, acceptons d'y croire.
Un petit piment émotionnel supplémentaire est fourni par les drames de Bérégovoy et de la princesse Diana. Etait-ce bien nécessaire ?
Mais surtout, le ton du roman est pesant, noir, presque sinistre. Nul ne s'épanouit dans ce monde glauque ; tout le monde en revanche cherche à s'étourdir : argent, femmes, pouvoir, cruauté, etc. Se sent-on réellement impliqué ? Je suis, pour ma part, un peu resté en dehors d'une affaire qui me concerne très peu et dont l'issue ne me touche pas.
L'intrigue (l'élimination d'un agent qui en sait trop) est assez légère et ne provoque qu'assez peu nos cellules grises. Des faits s'accumulent et s'emboitent, mais notre capacité de projection est rarement sollicitée. Alors, on s'ennuie un peu, on passe des lignes, des paragraphes.
C'est donc en fin de compte sur l'analyse du fonctionnement des services de renseignement que repose l'intérêt du livre. Encore faut-il que cela vous concerne !
Il est hors de question de résumer ici cette pensée sage et puissante que Montaigne a élaborée dans un monde bouleversé par les guerres de religion de la fin du XVI s et dont la lecture reste d'un immense réconfort à notre époque. Il me semble en revanche important de signaler l'existence de cette traduction en français moderne, lisible sans effort, ni risque de contresens, qui met ce texte à la portée de "l'honnête" lecteur.
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