"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Dans un premier tome de ''Apprendre à vivre'', LF avait proposé sa vision du but de la philosophie, que le titre de la série résume parfaitement. Voici le second tome qui donne à comprendre les mythes grecs et montre qu'ils sont l'origine même de la pense philosophique occidentale.
Le premier mérite de ce livre est de rappeler (ou plus..) la cohérence interne de ce qui apparaît souvent comme un foisonnement arbitraire de dieux et autres entités, parfois olympiques, qui ont nourri et nourrissent encore notre vie intellectuelle, nos arts et plus prosaïquement, notre vocabulaire. N'ouvrons pas la "boite de Pandore" ! Son contenu, certainement "sybillin", nous laisserait "médusés" et nous serions alors capables, devant ce "supplice de Tantale" de jurer comme un charretier" et, peut-être même, d'aller "de Charybde en Scylla", etc.
L'image m'a toujours paru être un vecteur privilégié de l'émotion et le son ou l'écrit celui de l'intelligence. Quand l'un rend hommage à l'autre dans une fusion intime réussie, le Nirvana n'est pas loin... surtout si l'image devient un poème et le poème un jaillissement d'images.
Les deux auteurs ont ici choisi l'eau comme contexte, eau plutôt froide, chargée de mystère, voire d'illusion et dont l'écoulement est accompagné par celui de l'interrogation que porte le poète sur son être. Un robinet fermé ? Le poète bouillonne, mais ne peut que se taire. Et quand la pluie laisse sur la dalle son miroir, le poète s'y reflète et reprend vie.
Il me semble qu'il y a une très grande cohérence d'intention, d'interrogation sur soi et sur sa place ici et maintenant, qui s'exprime dans les textes. Et aussi beaucoup de reconnaissance sereine du bonheur de vivre, en dépit d'une quête, violente parfois, vers un au-delà des bonheurs du corps et de l'esprit, un "plus être" dont l'attente entre en conflit avec le "doux accomplissement" à portée de sagesse humaine. Se contenter du "rien de trop" ou banqueter avec les dieux ?
Je ressens, en revanche, une philosophie plus matérielle dans la recherche d'harmonie, directe et accessible, que propose le photographe. Une jouissance palpable de la richesse du monde, un accord intime avec celui-ci et, osons le dire, une sorte de reconnaissance d'être là. L'image, souvent superbe, conserve, bien entendu, son pouvoir évocateur d'émotions, mais on sait bien qu'il ne se réalise qu'à travers celui qui regarde, sa culture, son passé sa mémoire. La beauté est, dit-on, dans l'oeil de celui qui la voit.
Un beau livre qui peut se lire et se relire et révèle toujours quelque chose de nouveau.
Ce livre est, avant tout, "un beau voyage au pays des technologies" avec la double volonté de faire plus que contempler les faits et de tenter d'en maîtriser la complexité et les interrelations. L'espoir de JMC est alors qu'une telle vision globale, "cartographiée", des technologies nous aidera à mieux procéder à nos choix, choix livrés pour l'instant à la loi du plus fort et aux idéologies réductrices.
La lecture de ce livre s'adresse à ceux que, au moins, la technologie intéresse ou préoccupe, et qui, si possible, ont une culture scientifique minimale. Sachant qu'il est plus facile de se prendre pour la conscience de l'humanité que de comprendre les fonctionnalités des protéines, l'inverse étant, à mon avis, préférable, ce livre en contribuant à ce noble but, me parait fort bien venu. Encore faut-il faire l'effort de le lire et peut-être de le relire.
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