"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Avec le brillant dont il est coutumier, JA présente ici dans l'urgence sa vision des causes de la crise financière, le déroulement de cette crise et propose des solutions. Mais on le sent pessimiste...
Ce roman, agréable à lire, est le portrait d'un homme enfant, artiste reconnu, incapable de bâtir sa vie et qui finit aussi mal qu'il a vécu.
Le portrait est piquant, surtout au début du livre, de ce jeune artiste à succès, fou de soi, isolé par la bulle de son égo hors norme, fermé aux autres et commettant actes asociaux en série. La société finit par le rejeter, sans surprise.
Ce thème de l'adulte qui n'atteint pas la maturité est encore d'actualité et YQ a raison de montrer que ces êtres, attachants, mais irresponsables, ne construisent pas pour autant leur bonheur ni celui de ceux qui les entourent et, parfois, les aiment. Affaire d'éducation trop protectrice ?
Le livre devient un peu délayé et lassant à la longue, sans que cela mette sérieusement en péril le plaisir que l'on a à le lire.
Douze contes, pleins de brouillard et d'obscurité, où rôde une mort évanescente, aux formes inattendues. Et, dans la ville morte, redoutez ces rencontres qui, jamais, ne vous laisseront en paix.
L'auteur, MdG (1898 - 1962) est belge, tout à fait représentatif de ce courant de pensée et de désillusion du monde qui a traversé la Belgique d'alors, mais aussi toute l'Europe, et dont l'influence artistique a été considérable. A l'absurdité d'un monde ressenti en décadence, la réponse peut être l'absurde (et le surréalisme), le refuge dans l'imaginaire (comme le fait ce livre), l'imprécation, la dérision (les expressionnistes allemands en particulier), l'érotisme, le fantastique, ou pire, le refuge dans les idéologies tragiques, comme le marxisme ou la race pure. La littérature (Marcel Thiry, Jean Muno, Michel de Ghelderode en Belgique), la peinture (Magritte, Ensor, Delvaux, etc.), la musique (comme Debussy en France ou Korngold avec La Ville Morte), traduiront, entre autres, ces influences.
Tous ces contes méritent d'être lus, même si parfois la répétition des attendus lasse un peu. Il n'en reste pas moins que quelques-uns sont de véritables chefs-d'oeuvres, comme, par exemple, Le jardin malade ou L'odeur du sapin.
De plus, MdG fait preuve d'une superbe maîtrise de la langue qui ajoute au livre une qualité particulière. Ce n'est pas sans raison qu'en 1962, il avait été pressenti pour le Nobel de littérature.
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