"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Un excellent policier qui capture l'attention du lecteur du début à la fin. Que demander de plus ? Deux ou trois choses à mon goût.
Trop long.
Ce roman souffre d'un délayage, incontestablement voulu par l'auteur, pour faire monter la pression. Ca sent un peu le truc, d'autant que j'apprécie une raisonnable concision. Alors, on saute des lignes ...
Parfois invraisemblable.
Je passe pas mal de temps sur les PC. Les prouesses de Lisbeth Salander en matière de hack ont pour moi le réalisme des aventures de Blanche-Neige. Trop, c'est trop. L'écoute téléphonique n'est pas mal non plus.
Morbide et un peu malsain.
Cela excite les blasés que nous sommes. Mais n'y a-t-il pas un excès de complaisance un peu perverse ?
Le tout reste néanmoins très bien ficelé, les personnages sont crédibles, actuels et ressemblent à nos voisins (enfin, presque). J'apprécie aussi l'équilibre réussi entre les dialogues et la narration. La traduction est fluide et plaisante. Ne boudons pas notre plaisir... sans prendre trop au sérieux la description, comme souvent, négative, des patrons d'industrie. Mais cela apporte une telle jouissance au bon peuple !
Ce livre est le produit de l'expérience personnelle de l'auteur, membre de l'Ecole Française d'Extrême-Orient, qui a vu le Cambodge, pays qu'il aime et qu'il connait, déchiré, anéanti dans sa chair et sa culture, par les Khmers Rouges (KR), mais aussi par le soutien dont ils ont bénéficié en France et par l'action cynique et incompétente des Usa.
SZ tente de répondre à la question que pose le nom "Amérique", nom qui aurait dû être "Colombie", d'après son découvreur historiquement avéré. Erreur historique, dont l'origine n'est pas si simple !
Cette question n'a d'ailleurs pas de réponse définitive et incontestable, mais S Z fait sienne l'hypothèse selon laquelle, à l'insu d'Amérigo Vespucci et de Christophe Colomb (voyageurs contemporains), les éditeurs ont fait passer Vespucci, dont les textes avaient une certaine notoriété, pour le premier à avoir posé le pied sur ce continent, sans doute pour mieux vendre leur production. La thèse est étayée et elle apporte les solutions les plus simples aux questions restées sans réponse jusqu'ici.
Il n'en reste pas moins que, cela semble historiquement confirmé, Amerigo Vespucci a été le premier à affirmer et écrire que la terre nouvellement découverte n'était pas la Chine, mais un "Nouveau Monde" et que, tracer une voie nouvelle vers l'Inde, supposait son contournement maritime. Ce que, en dépit de deux essais ultérieurs, il ne réussira pas à accomplir.
Christophe Colomb, quant à lui, restera persuadé qu'il avait atteint la Chine...
Le style de S Z (et la bonne traduction) nous valent une biographie très réussie de cet Amérigo inconnu ou presque, mais qui aura, de son prénom, et sans l'avoir cherché, fait un étendard dont on n'a pas encore fini de parler.
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