"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Ce roman, très classique, se lit avec intérêt et frappe par son érudition botanique. Une excellente lecture d'été.
L'intrigue se déroule à proximité d'une forêt, ce qui offre à HB l'occasion de nous prendre par la main pour découvrir la faune et la flore auxquelles nous prêtons bien souvent une attention distraite. La science de HB est éblouissante et fait partie de son éducation d'origine, reçue de ses parents.
Le personnage du solitaire qui refuse de livrer son nom est intéressant, car HB montre bien les conséquences sociales de cette attitude de défi,plutôt originale, mais fort mal acceptée par les gens "normaux". Ce serait sans doute encore pire aujourd'hui. On pense parfois à Ernst Jünger ...
Un livre agréable.
Une sagesse aimable
Un très joli titre, plein d'esprit, comme son auteur en fait preuve tout au long de cette autobiographie romancée.
La forme est celle d'une interview menée par une jeune et jolie journaliste. Même si c'est, en fait, l 'interviewé qui mène le débat, et qui nous livre de sa vie, ce qui lui convient. Il en est d'ailleurs parfaitement conscient, s'en amuse, et le roman, semble-t-il, prend souvent le pas sur le rapport circonstancié d'une vie plutôt réussie.
Tout au long de ces 350 pages, J d'0 fait pétiller son charme, sa culture (beaucoup, parfois), sa mémoire (plus ou moins sincère ?), son talent de conteur, sa philosophie pratique et bien rodée de la vie heureuse. Epicure, pas loin. De plus, et c'est un élément séduisant du livre, J d'0 manie à merveille notre langue, dont il ne cesse de dire qu'il pressent la fin proche.
Tout cela nous vaut des traits vifs sur l'histoire, la politique, l'amour, la peinture, les voyages, etc. Quelques portraits aussi, jubilatoires parfois. Pauvre J.P. Sartre... Et aussi des réflexions de belle volée. Une bien agréable promenade, avec parfois des points de vue saisissants et brillants d'intelligence sensible.
Le livre n'évite pas, parfois, des considérations un peu générales sur le monde qui va, ou des percées qui me semblent un peu confuses sur certains sujets, comme le temps. Bien sûr, ce n'est pas un manuel de physique, ni de philosophie ou d'éthique. Encore que ...
Il n'en reste pas moins que c'est, d'un bout à l'autre, un hymne à la vie, laquelle n'est pas une fête sans larmes, mais doit rester une fête quand même. C'est bien de le dire et de le répéter. Cela tranche sur le ton caverneux des prophètes d'apocalypse qui hurlent dans nos bois.
MS sait écrire un roman. Il le prouve encore une fois : intrigue bien bâtie, belle documentation sur le sujet (ici les marchands d'art), langue facile, etc..
Et pourtant, je n'ai pas eu le même choc qu'avec "La face cachée de la lune'' ou "Small World''. Ces romans ajoutaient une profonde originalité de situation aux qualités évoquées ci-dessus. Sans se prendre pour un spécialiste du monde de l'art, c'est sans doute un univers que l'on connaît mieux que ceux des autres livres mentionnés. La curiosité est donc moins mise en éveil ici.
De plus, je n'ai pas senti la même densité dans les personnages : un héros un peu naïf, face à une pétroleuse sans fard et un portrait de celle-ci un peu trop conventionnel, à la limite de la caricature.
Ne boudons quand même pas un réel plaisir passé dans ce monde des marchands de tableaux et rendons encore une fois hommage à l'écriture fluide et toujours agréable de MS.
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