"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
"L'obstination et l'ardeur des opinions sont la preuve la plus sûre de la bêtise" Montaigne, III,8

Un vieux fou de poésie et en particulier du recueil "Manyô-shû" entre pour ainsi dire dans son rêve poétique à la suite d'un choc. Il aspirait à un monde plus naturel, moins raisonnable, plus sensible, un monde à l'image d'un long "Haïkaï"; il va maintenant le vivre comme un délire heureux, à la fois auteur et acteur de son mirage, jusqu'à ...
Il faut tout le talent d'Inoue pour nous embarquer dans cette impensable aventure. K., notre héros, ne part pas seul. Il embarque dans son arche sa petite fille, modèle de pureté innocente, une jeune femme fugueuse ramassée par hasard et le chauffeur de l'arche, ou plutôt du taxi qui les véhicule. Et nous aussi, enfin presque. Chacun dans ce quatuor apporte sa contribution et l'affaire se déroule fort bien, quelque temps.
Monde étrange que celui de la thérapie psychanalytique pour ceux qui, comme moi, ont passé une partie importante de leur vie dans les sciences "dures". C'est bien en effet ce sentiment permanent de "mou" qui domine ici à la lecture de cette cure, parsemée de petites vérités que l'on prend pour des grandes et de révélations qui accouchent d'une souris. Rien n'est acquis, rien n'est gagné ; tout est toujours à reprendre. L'auteur se dit d'ailleurs ballotté d'instants décisifs en moments cruciaux qui ressemblent au rocher de Sisyphe. De quoi se perdre tout à fait si on ne l'est qu'un peu. Effrayant, non ?
C'est bien entendu là un langage de béotien et surtout de quelqu'un qui n'a pas ressenti le besoin de cette explosion du moi devant le thérapeute confesseur pour tenter d'en reconstituer une part qui lui permette de vivre mieux. Autant je suis convaincu de la réalité et de la profondeur de la découverte de l'inconscient et de son moteur, la libido, autant je suis perplexe en face de ces interminables cures (10 ans et presque chaque jour ici !) dont le côté destructeur (divorce ou folles dépenses, par exemple) est à mettre sur la même balance que l'effet reconstructeur de la personnalité dérangée. N'est-ce pas aussi se refaire, bien égoïstement, terriblement centré sur son nombril, au risque de se mettre à l'écart d'une société qui ne le pardonne guère ?
DB a un vrai talent pour raconter une histoire. Il est hélas incroyablement bavard. Tout cela fait un polard qui tient debout mais qui, à mon goût aurait gagné à perdre 300 pages. Les longues considérations véhémentes sur la foi et la religion sont superficielles et soporifiques ; les répétitions de crimes, à peu de choses près identiques, sont ennuyeuses, pour ne donner que deux exemples.Page 273 sur 334