"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
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Son scribe, un jeune avocat blanc qui prend sous sa dictée sa lettre au Président de notre République pour obtenir un visa de court séjour, nous dit tout : "Je suis un homme économique, madame Bâ, ... morcelé en dossiers et en hobbies, en heures et en minutes ... Je suis un amas de rondelles. Vous me réapprenez l'unité". Madame Bâ est ce que l'Afrique produit encore, des êtres dont le coeur et la tête font toujours bon ménage, enfin dans leur meilleur avatar. Unité aussi de soi et du monde, pour le meilleur et pour le pire. C'est un beau voyage de découverte de l'Afrique et du Mali qui nous est offert là.
Mais c'est aussi un voyage dans l'Afrique qui perd sa boussole, qui a perdu ses lois et sa structure et se demande avec angoisse si elle a les moyens d'en acquérir d'autres. Les modèles qu'elle voit autour d'elle ne sont pas très convaincants. Lisez par exemple l'affaire de l'échangeur, une de ces escroqueries couvertes par l'aide au développement. Ou l'affaire des "ogres".
Bien sûr, ce n'est qu'un roman et un très bon, mais il me laisse partagé. Cette compassion qu'il exprime est certainement la clé de toute tentative de rapprochement, d'aide véritable. Et que l'on balaie au passage dans notre propre cour. Mais il nous livre peu de clés pour ouvrir de nouvelles portes. Car celles dont nous disposons, tant le Mali et l'Afrique que nous même, ont échoué. Alors, s'en remettre au sort ? Ne reste-t-il que l'exil, comme semble le conclure ce livre ?
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Lire la suite... Michel Didier, Des idées pour la croissance
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Méfiez vous de vos rêves ! Freud n'est pas loin. Quelqu'un de mes honorables lecteurs pense-t-il que l'amour soit une chose facile ? Qu'il le dise bien vite à SM, car il s'agit pour lui d'une affaire compliquée où les mots cachent la vérité, si tant est qu'elle existe. Ce livre est avant tout un touchant roman de l'imperfection de l'amour et de son partage.
Nous sommes dans le monde hongrois de l'Europe centrale de 1935, un entre-deux guerres où l'on perçoit déjà la suivante sans avoir oublié les horreurs de la première. Un juge doit prononcer dans 24 heures le divorce d'un ancien camarade. Il cherche à juger dans un monde qui devient fou dans ses blocages et il sait qu'il a une mission essentielle dans cette débandade programmée. C'est un des beaux moments de ce livre, que cette méditation sur la difficulté de dire le droit.
Mais l'affaire qu'il doit juger le concerne directement et il vacillera sous les chocs successifs d'une amitié qui ne doit pas le détourner du juste, de rêves obsédants mais maîtrisés et d'une révélation qui aurait pu changer sa vie. Il retrouvera pourtant sa sérénité et le sens de son devoir, tout à son honneur, après une nuit effroyable où tout cela s'enchaîne, face à quelqu'un qui a presque tué et court à son suicide.
Le second personnage, peut-être le plus important, est un pur produit bourgeois de cette société finissante qui a fait la prospérité de ce monde, mais s'est enfermée dans dans des illusions et des croyances qui la stérilisent peu à peu. On pense indirectement au Thomas Mann des "Buddenbrocks". Ce personnage est émouvant dans son déchirement entre ses illusions et la réalité qu'il a découverte. Il est le vivant symbole de cette bourgeoisie déboussolée, comme l'a été celle de Weimar en Allemagne. Comme elle, il se suicidera.
Le style de SM évoque S. Zweig et en particulier "24 heures dans la vie d'une femme". Je n'y retrouve cependant pas la même tension, presque haletante de SZ. De plus SM, comme dans "Les Confessions d'un bourgeois" étire un peu sa phrase et tolère de longues digressions qui émoussent l'intérêt. Ce livre, classique, est néanmoins d'un grand intérêt.
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