Je ne suis pas entré dans ce roman, pourtant sympathique par sa pudeur devant le sort de prisonnières politiques mineures et sa description vécue et sensible du Vietnam.
Un drame est le choc entre un destin et une volonté. Ici, rien de cela. Tout coule par petites touches, avec parfois même un peu d'affectation dans une simplicité forcée à laquelle il est difficile de croire. Ce qui est un drame se réduit à une aventure, certes intéressante et écrite avec talent, mais à peu près aussi émouvante que le passage d'un train. Et le drame étant absent, le style volontairement confus (retours et involutions) n'ajoute rien à une tension absente.
Peut-être sommes-nous saturés d'horreurs pour ne plus ressentir le charme d'une voix discrète ? Ce qu'on attend, pour le moins, et qu'on ne trouve pas ici, serait un effort de l'auteur pour faire comprendre, expliquer, faire partager. Est-il tellement étrange que des individus qui participent, même de loin, à des attentats soient arrêtés, indépendamment des cruautés injustifiables subies par ces enfants ? Qui les y avait amenés ? Que défendaient-ils ? Pas un mot. Trop d'innocence tue.
Un livre qui flotte avec élégance sur des faits mais n'apporte pas grand chose.
Editions Gallimard (2004) - 180 pages