"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Un conte est un conte. Il y faut un peu de rêve, un peu de cruauté, beaucoup de morale, quelques beaux princes et d'accortes bergères qui se marient et ont beaucoup d'enfants.
Tout cela est présent ici et a, évidemment, un petit air de déjà lu... mais caresse toujours notre reste d'enfance dans le sens du poil.
Ce qui fait l'originalité de ce recueil est d'une part une pincée d'orient et d'autre part un filet de zen qui, comme chacun sait, est une voie supposée rapide vers l'illumination bouddhique. Le zen est d'origine chinoise mais est surtout pratiqué au Japon.
Orient, oui mais si proche de nous qu'il n'apparaît souvent que comme un vernis et en tous cas jamais comme un obstacle à la lecture. Pour reprendre une remarque déjà faite dans la fiche de "Botchan", cette lecture nous rappelle combien nos préoccupations, et ici nos rêves, sont communs à tous les hommes, que nous soyons des "petits blancs" chrétiens ou des asiatiques "jaunes" et zen. Ne nous laissons pas trop abuser par ceux qui prétendent le contraire.
Et zen, alors ? A part quelques contes délibérément dépourvus de conclusion logique (cela nous conduit à l'illumination, n'est ce pas ?) et donc franchement zen, la très grande majorité est bien classique, bien morale, bien proche de la convention de l'espèce, ce qui n'en diminue pas la saveur.
Saluons au passage la très belle facture de ce livre et ses superbes illustrations qui à elles seules nous dépaysent souvent plus que les textes.
Une très agréable et reposante lecture.
Sôseki (1867 - 1916) est un de mes auteurs japonais favoris, et en particulier son superbe roman"Je suis un chat (1905)" qui, mieux que toute explication, vous fera découvrir ce Japon en rupture avec sa tradition, déchiré par la réforme Meiji.
Botchan (1906) est un roman dont notre ministre de l'éducation nationale aurait du rendre la lecture obligatoire avant toute candidature sérieuse ! Il s'agit en effet d'un jeune diplômé (presque par hasard) qui prend en mains son premier poste en basse province. Que les élèves soient peu motivés, chahuteurs, provocateurs et bagarreurs, passe. Ce n'est pas une découverte, même si ce n'est pas toujours simple à avaler. Mais que le milieu professoral soit un panier de crabes, arrogants, menteurs, jouisseurs et hypocrites est moins souvent enseigné dans les IUFM de France et de Navarre. Au fait, n'est-ce pas un risque inhérent à toute congrégation humaine et dont il convient de bien prendre la mesure ?
Notre jeune Botchan en prend pour son grade. Il n'est pas un ange non plus : impulsif, risque-tout, irréfléchi et fonceur. Les crabes, surtout les vieux, savent prendre en main ce genre de citoyen et lui faire commettre toutes les erreurs possibles. Il n'en rate pas une et finit en quelques mois technicien dans les tramways de Tokyo, moins riche en Yens, mais sûrement plus mûr !
Tout cela n'aurait rien d'extraordinaire sans le style brillant de Sôseki. Vif, drôle sans jouer au comique, direct et percutant, c'est un moment de délectation que l'on passe avec lui. Et tout au long de cette aventure, en douceur, le vieux Japon nous accompagne, fasciné par la perspective démesurée d'égaler le modèle occidental. La victoire contre les Russes en 1905 ouvrait tous les espoirs et justifiait les sacrifices de ce peuple passé en 50 ans d'un pays agricole pauvre au champion qu'il est d'ailleurs resté de l'efficacité industrielle. Cela permet peut-être de comprendre ce que ce bouleversement a pu représenter de souffrance et explique sans doute un peu les dérives qui ont suivi.
Et quelle modernité dans ce portrait d'un jeune, assez inculte, plutôt arrogant, malhabile dans sa conduite humaine mais capable d'affection... et attachant pour ces raisons mêmes ! Que l'espèce humaine soit une, Monsieur Sôseki (qui vaut bien 1000 yens !) nous en a fait là une magnifique démonstration, il y a 100 ans...
Ce livre écrit en 1976 rassemble des textes de Hermann Hesse ayant en commun un sujet essentiel pour l'auteur, la musique. Presque tout est dit sur l'approche de HH dans cette phrase :
"C'est le secret de la musique qu'elle n'exige que notre âme, mais qu'elle la veuille tout entière. Elle ne demande ni intelligence, ni culture ; par delà toutes les langues, toutes les sciences, sous des formes ambivalentes mais évidentes en dernière analyse, elle représente l'âme de l'homme."
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