"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Un livre noir, très noir, sans jeu de mot...
Rien ne trouve grâce, rien ne laisse le plus mince filet d'espoir aux yeux de Kourouma. Aucune des motivations des hommes ne trouve son chemin en face de la bestialité sauvage de ceux qui atteignent le pouvoir ou de la bestialité stupide de ceux qui en sont privés. Plus d'amitié ou d'amour, plus de solidarité, plus même d'interêt bien compris. Rien, plus rien ; la tradition est dévoyée, la société n'est que terrain du crime, l'homme n'est qu'avidité.
Alors Kourouma hurle à pleins poumons sa dérision ironique et sarcastique où tous et toutes sombrent dans son apocalypse de la pourriture. C'est drôle au commencement, long et sédatif à la fin. Il faut se forcer pour aller au bout de ce massacre. Ce casse-nègres aurait été écrit par un blanc, il aurait été politiquement correct de s'indigner...
Mais tout cela sonne faux, et relève de ce besoin de plaire par l'outrance et le cynisme. Oui, Kourouma connait bien l'Afrique, ses Sociétés de chasseurs traditionnelles, ses coutumes, le rôle éminant du verbe comme ciment de la société, et c'est là l'interêt du livre. Mais il se trompe, le nez collé à la merde, ce qui lui donne l'impression que tout sent mauvais. Il ne sait pas qu'il y a une vie au delà des chiottes. L'Afrique a besoin certes d'être mise en face de ses erreurs, dont elle est en partie seulement responsable ; mais elle attend du talent de ses écrivains un peu plus qu'une simple dénonciation complaisante, même si ils en retirent des prix littéraires.
Éditions Points Seuil (1998)
Cette courte nouvelle, une des premières œuvres de Fontane écrite en 1881 alors qu'il a 62 ans, vient seulement de recevoir cette traduction française.
Ce drame, un peu appuyé, est inspiré d'un fait réel. Nous nous laissons inquiéter par le sort d'une jeune femme, Hilde, "née sous une mauvaise étoile" et qui verra lui échapper tout ce qui pourrait faire le bonheur d'une vie, jusqu'à la vie elle même. L'intrigue est romantique à souhait, mais est en tel décalage par rapport à notre univers actuel qu'il faut faire un certain effort de plongée dans l'histoire pour la suivre avec sympathie.
C'est bien justement là l'intérêt de cette nouvelle. Car ce monde, dominé par les hommes, si possibles guerriers et arrogants, où la religion, et non la foi, définissait le "socialement correct", et qui acceptait encore sans vague une structure sociale rigide, est ici magnifiquement décrit, comme le sont les paysages de cette région. Le style est léger, coulant, plein de charme et nous attire encore, même si le fond du récit parfois relève de la science-fiction à rebours.
Éditions Le serpent à plumes (2001)
Ce roman raconte la descente aux enfers de Nafa, un jeune algérien, qui pour la cause islamiste devient un loup dans les années 1980.
Il avait peu de repères ni d'espoir dans la vie, et sous l'effet du hasard et du milieu où il se trouve, il va peu à peu commettre entre FIS et GIA des actes de plus en plus violents, sanglants, inhumains, ne trouvant jamais ni fraternité réelle, ni chaleur au sein des autres loups.
Ce livre au style sans grande personnalité fascine par la mise à nu des mécanismes bien huilés de cette aliénation graduelle, de cette deshumanisation progressive. Et l'impensable, le meurtre le plus abject, devient monnaie courante. Et lorsque le basculement s'est accompli, il est trop tard, la bête a pris les rênes.
Ne croyons pas un instant que nous, européens puissions éviter ce risque, cette barbarie commise au nom d'un dieu, le nôtre ou presque. L'allemagne nazie, les communismes, et autres nettoyages ethniques si proches de nous, en sont la preuve.
Foutu 20ème siècle !
Editions Pocket Julliard 1999
Page 310 sur 319