"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
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Xu Xiake (1587 - 1641) a été à la fois un écrivain voyageur et un géographe attentif et précis. Il est chinois, comme son nom l'indique, et a voulu à la fois parcourir pour le plaisir son pays et en dresser un rapport géographique détaillé.
Il fallait à cette époque une endurance et une volonté hors du commun pour accomplir de tels voyages, dont on imagine mal aujourd'hui les difficultés. Affaire de caractère, certes, dont il ne manquait pas ! Volonté aussi, presque mystique, de se plonger dans cette nature dont sont formés les 'dix mille êtres' du taoïsme.
Volonté, surtout de passer le miroir. Ne plus seulement être celui qui contemple, observe, cette peinture chinoise qui invite le regard, non à se figer sur un objet ou un paysage, support de beauté, mais à s'y promener, à suivre ces petits chemins qui y serpentent. Devenir ce petit lettré que l'on voit représenté, qui erre dans ce paysage, ou qui médite sur une terrasse en contemplant un 'site sublime' et qui ,au fond, se cherche en suivant 'la voie'.
Ce livre ne tombe pas sous la main par hasard. Dans mon cas il accompagne une courte visite à certains de ces sites sublimes. Sa valeur est certes celle du texte lui-même, mais elle provient aussi des commentaires excellents du traducteur, Jacques Dars.
Un livre tout à fait utile à ceux que la Chine et sa peinture séduisent ou simplement intriguent.
Il fallait à cette époque une endurance et une volonté hors du commun pour accomplir de tels voyages, dont on imagine mal aujourd'hui les difficultés. Affaire de caractère, certes, dont il ne manquait pas ! Volonté aussi, presque mystique, de se plonger dans cette nature dont sont formés les 'dix mille êtres' du taoïsme.
Volonté, surtout de passer le miroir. Ne plus seulement être celui qui contemple, observe, cette peinture chinoise qui invite le regard, non à se figer sur un objet ou un paysage, support de beauté, mais à s'y promener, à suivre ces petits chemins qui y serpentent. Devenir ce petit lettré que l'on voit représenté, qui erre dans ce paysage, ou qui médite sur une terrasse en contemplant un 'site sublime' et qui ,au fond, se cherche en suivant 'la voie'.
Ce livre ne tombe pas sous la main par hasard. Dans mon cas il accompagne une courte visite à certains de ces sites sublimes. Sa valeur est certes celle du texte lui-même, mais elle provient aussi des commentaires excellents du traducteur, Jacques Dars.
Un livre tout à fait utile à ceux que la Chine et sa peinture séduisent ou simplement intriguent.
Editions Gallimard (1993) - env. 400 pages illustrées.
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M W (né en 1955) est polonais et vit dans le grand Nord russe, retiré du monde "civilisé". Tout au long des pages de ce livre, il nous offre à la fois le journal passionnant de cette vie de solitaire au coeur d'un monde qui meurt et ses réflexions sur la littérature, la vie et ses rapports avec ses congénères.
Nous connaissons mal ce monde de froid, de lumière basse et d'ennui soigné à la vodka. Belle occasion d'en apprendre un peu plus de première main. Une vie difficile, parfois à la limite de l'acceptable et qui ne fait plus recette. Mais la nature s'y offre encore (pour combien de temps ?) quasi vierge et la vie humaine y est un combat quotidien. Le sens de ce combat fait de plus en plus problème et il faut avoir le goût de la solitude chevillé au corps pour en apprécier le sel.
Cette philosophie de la vie me paraît une lointaine survivance de la folle envie d'indépendance des années "68". Il n'en reste plus grand chose et le modèle fait plutôt fuir qu'accourir les contemporains. Auraient-ils tous tort ? Ce refus latent de civilisation, aussi sympathique qu'il soit, a quelque chose de pathétique. Il me semble que mille choses qui ont fait et font encore le bonheur de ma vie ne viennent pas de moi mais des autres, de cette civilisation qui nous offre le travail et la pensée de tous ceux qui ont vécu avant nous.
A la différence de Fabienne Verdier ( La Passagère du Silence) qui fuyait le monde pour en bâtir un autre, ici la fuite est sa propre fin, consommatrice, jouisseuse.
Cela n'enlève rien au plaisir de lire ce beau livre nostalgique, mais insensible et de faire un tour avec l'auteur dans son pays blanc. A condition d'en revenir.
Nous connaissons mal ce monde de froid, de lumière basse et d'ennui soigné à la vodka. Belle occasion d'en apprendre un peu plus de première main. Une vie difficile, parfois à la limite de l'acceptable et qui ne fait plus recette. Mais la nature s'y offre encore (pour combien de temps ?) quasi vierge et la vie humaine y est un combat quotidien. Le sens de ce combat fait de plus en plus problème et il faut avoir le goût de la solitude chevillé au corps pour en apprécier le sel.
Cette philosophie de la vie me paraît une lointaine survivance de la folle envie d'indépendance des années "68". Il n'en reste plus grand chose et le modèle fait plutôt fuir qu'accourir les contemporains. Auraient-ils tous tort ? Ce refus latent de civilisation, aussi sympathique qu'il soit, a quelque chose de pathétique. Il me semble que mille choses qui ont fait et font encore le bonheur de ma vie ne viennent pas de moi mais des autres, de cette civilisation qui nous offre le travail et la pensée de tous ceux qui ont vécu avant nous.
A la différence de Fabienne Verdier ( La Passagère du Silence) qui fuyait le monde pour en bâtir un autre, ici la fuite est sa propre fin, consommatrice, jouisseuse.
Cela n'enlève rien au plaisir de lire ce beau livre nostalgique, mais insensible et de faire un tour avec l'auteur dans son pays blanc. A condition d'en revenir.
Editions Noir sur Blanc (2007) - 238 pages
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Sôseki (1867-1916) a écrit ces contes, très brefs, en 1909. Des contes ? Plutôt des pages de souvenirs, personnels, poétiques, presque ineffables parfois. Son remarquable talent en fait des moments précieux de plaisante lecture ... et relecture !
25 petits récits nous attendent, qui se fondent sur une impression, un souvenir, un événement minuscule, un sentiment fugitif. Ce n'est pas ici le temps qui fait bouger les choses, mais les choses éphémères qui donnent par leur fugacité un sens au temps. C'est un peu là l'esprit de l'Asie et surtout du Japon, une sorte de stoïcisme bouddhique, bien loin de notre frénésie productiviste de contrôle du monde par le contrôle du temps. Enfin, c'était, car notre puissante méthode a aussi conquis l'Asie. Une synthèse se fera peut-être un jour ?
Sôseki sait aussi remarquablement jouer avec la réalité ; il nous laisse souvent entre deux nuages, sans nous donner d'indication bien claire pour retrouver notre chemin. Merveilleuse illustration de l'impermanence des choses.
Tout cela se lit avec gourmandise et nous nous sentons infiniment proches de ce vieux Monsieur de plus de cent ans. C'est l'art d'un grand maître que d'être intemporel et universel à ce point. Un très beau livre.
25 petits récits nous attendent, qui se fondent sur une impression, un souvenir, un événement minuscule, un sentiment fugitif. Ce n'est pas ici le temps qui fait bouger les choses, mais les choses éphémères qui donnent par leur fugacité un sens au temps. C'est un peu là l'esprit de l'Asie et surtout du Japon, une sorte de stoïcisme bouddhique, bien loin de notre frénésie productiviste de contrôle du monde par le contrôle du temps. Enfin, c'était, car notre puissante méthode a aussi conquis l'Asie. Une synthèse se fera peut-être un jour ?
Sôseki sait aussi remarquablement jouer avec la réalité ; il nous laisse souvent entre deux nuages, sans nous donner d'indication bien claire pour retrouver notre chemin. Merveilleuse illustration de l'impermanence des choses.
Tout cela se lit avec gourmandise et nous nous sentons infiniment proches de ce vieux Monsieur de plus de cent ans. C'est l'art d'un grand maître que d'être intemporel et universel à ce point. Un très beau livre.
Editions Picquier poche (1999) - 140 pages
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