"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
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GC a réussi dans ce court roman à nous faire pénétrer avec humour et pas mal de coups de griffes, dans le monde (un peu caricaturé ?) des opérations financières franco-françaises. Notre belle tradition centralisatrice ( et de gôche !) confère toujours à l'état tentaculaire le savoir pur de concupiscence et exclusif de ce qui est bon pour le peuple, bien mieux qu'à celui qui agit ! Bien entendu, tant de pouvoir conduit à en abuser pour ses copains ou pour soi. Mais il y aura toujours une haute conscience pour prétendre que c'est l'exception et non la norme ...
Mais restons sur terre ; c'est un roman. Et il est remarquablement bâti et à la portée de tout lecteur de bonne volonté. Le monde des OPA raconté ici a besoin surtout d'avoir envie de passer un bon moment avec un auteur qui sait ménager une intrigue solide et la fait progresser avec brio.
N'en concluons pas que toutes les OPA et autres fusions-acquisitions se déroulent dans ce climat apocalyptique. Mais toutes n'ont pas pour objet de servir d'intrigue à des romans. Mon expérience personnelle de 20 ans de ce travail dans de nombreux pays me laisse à penser qu'il y aurait d'autres romans à écrire, propres à chacun des environnements nationaux spécifiques. Une seule certitude : l'ingérence à la française est lourde, très lourde à porter quand on est au coeur de l'action. Et, voulant trop en faire, elle oublie parfois l'essentiel. J'ajouterais aussi que dans ces opérations les coups bas ne sont pas un privilège régalien et que les copains adorent vous trancher la gorge s'ils y voient leur intérêt ! Là, GC a parfaitement raison : c'est un combat qui se livre et le premier objectif est la conquête, passant souvent par la mort de l'ennemi.
Alors n'hésitez pas, vous ne regretterez pas le déplacement, même si vous n'avez pas l'intention de racheter ACCOR ou GDF !
Mais restons sur terre ; c'est un roman. Et il est remarquablement bâti et à la portée de tout lecteur de bonne volonté. Le monde des OPA raconté ici a besoin surtout d'avoir envie de passer un bon moment avec un auteur qui sait ménager une intrigue solide et la fait progresser avec brio.
N'en concluons pas que toutes les OPA et autres fusions-acquisitions se déroulent dans ce climat apocalyptique. Mais toutes n'ont pas pour objet de servir d'intrigue à des romans. Mon expérience personnelle de 20 ans de ce travail dans de nombreux pays me laisse à penser qu'il y aurait d'autres romans à écrire, propres à chacun des environnements nationaux spécifiques. Une seule certitude : l'ingérence à la française est lourde, très lourde à porter quand on est au coeur de l'action. Et, voulant trop en faire, elle oublie parfois l'essentiel. J'ajouterais aussi que dans ces opérations les coups bas ne sont pas un privilège régalien et que les copains adorent vous trancher la gorge s'ils y voient leur intérêt ! Là, GC a parfaitement raison : c'est un combat qui se livre et le premier objectif est la conquête, passant souvent par la mort de l'ennemi.
Alors n'hésitez pas, vous ne regretterez pas le déplacement, même si vous n'avez pas l'intention de racheter ACCOR ou GDF !
Editions Les Editions de Paris (2007) - 155 pages
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Vous le saviez sans doute déjà, ou vous vous en doutiez, les belles femmes sont terriblement dangereuses. D'ailleurs, vous qui n'aimez pas le risque, je comprends mieux votre choix ... Mais au fait, est-ce qu'on ne vous a pas choisi pour des raisons voisines ? Bon, à suivre.
L'affaire est un peu complexe et il fallait le nez (et la chance) de Sebastien pour débroussailler ce sac de noeuds. Encore que son nez, en face d'une belle carrosserie, il a tendance à le perdre. C'est comme ça que la nature nous a faits pour faciliter la sauvegarde de l'espèce par la reproduction. Tant que ça fonctionne, il y a de l'espoir ; et il lui en fallait à Sebastien pour ne pas décrocher de sa fichue mission.
Mais n'allez pas vous imaginer des galipettes style Mao Zedong ou Pape Borgia. Non. Seb est mesuré dans ses actes, voire hésitant parfois en face d'une belle proie. Un sixième sens qui aurait quelque chose à voir avec le sixième tableau ? Ne compliquons pas : lisez le texte ; tout y est.
On peut même ajouter que c'est un plaisir de se laisser porter par la montée de tension qui émane d'une situation qui semble se nouer au fond d'une casserole de choucroute ( c'est une image, n'en faites pas un plat !) cuisant à feu doux. Des bouts, il y en a partout, mais Seb saura saisir le bon.
Et la Comtesse, au dessert, on a vu pire.
A lire pour passer un bon moment dans cette Normandie que MR décrit si bien.
L'affaire est un peu complexe et il fallait le nez (et la chance) de Sebastien pour débroussailler ce sac de noeuds. Encore que son nez, en face d'une belle carrosserie, il a tendance à le perdre. C'est comme ça que la nature nous a faits pour faciliter la sauvegarde de l'espèce par la reproduction. Tant que ça fonctionne, il y a de l'espoir ; et il lui en fallait à Sebastien pour ne pas décrocher de sa fichue mission.
Mais n'allez pas vous imaginer des galipettes style Mao Zedong ou Pape Borgia. Non. Seb est mesuré dans ses actes, voire hésitant parfois en face d'une belle proie. Un sixième sens qui aurait quelque chose à voir avec le sixième tableau ? Ne compliquons pas : lisez le texte ; tout y est.
On peut même ajouter que c'est un plaisir de se laisser porter par la montée de tension qui émane d'une situation qui semble se nouer au fond d'une casserole de choucroute ( c'est une image, n'en faites pas un plat !) cuisant à feu doux. Des bouts, il y en a partout, mais Seb saura saisir le bon.
Et la Comtesse, au dessert, on a vu pire.
A lire pour passer un bon moment dans cette Normandie que MR décrit si bien.
Editions France-Empire (2007) - 325 pages
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Lao She (1899-1966) est un écrivain chinois d'origine mandchoue, que la révolution culturelle à "suicidé". Il a été réhabilité depuis. Cette série de nouvelles (il y en a 14 ici) est, à mon goût, un chef d'oeuvre. LS a le talent de mêler drame, humour, analyse des hommes tout en restant simple et vrai.
LS a vécu dans un monde chinois que l'invasion japonaise de 1937 aidait à disparaître dans sa tradition lourde et stérile. C'est justement cette fin d'un monde, cette déchirure douloureuse, qui sous-tend ces nouvelles. Cet "homme qui ne mentait jamais" incarne, par exemple, une rigidité vertueuse, sans doute honorable dans un monde stable, mais ici stérile au coeur des bouleversements du pays. On ne peut s'empêcher de penser à ces écrivains japonais qui, comme Soseki ou Tanizaki, avaient eux aussi connu (bien avant !) la fin de leurs certitudes et avaient su en tirer la splendide littérature que l'on connaît.
C'est donc au milieu de cette rupture que LS écrit, entre sa vieille Chine qu'il aime (les 'hutongs' de Pekin) et décrit si bien et le monde 'occidental' dont la vigueur est respectée et imitée. Mao poussera la chose jusqu'à la folie mais aura, aux yeux de LS, la vertu d'incarner le changement attendu. Comme d'autres, LS en mourra, "suicidé".
LS, plein d'humour ('Le crachoir de Maître Niu', par exemple), nous communique aussi son plaisir de raconter (comme dans 'Les lunettes'). Il sait assumer avec un certain stoïcisme le tragique de son époque sans jamais revendiquer ni geindre. La simplicité et la vérité de son ton sont sans faille.
Un très beau livre.
LS a vécu dans un monde chinois que l'invasion japonaise de 1937 aidait à disparaître dans sa tradition lourde et stérile. C'est justement cette fin d'un monde, cette déchirure douloureuse, qui sous-tend ces nouvelles. Cet "homme qui ne mentait jamais" incarne, par exemple, une rigidité vertueuse, sans doute honorable dans un monde stable, mais ici stérile au coeur des bouleversements du pays. On ne peut s'empêcher de penser à ces écrivains japonais qui, comme Soseki ou Tanizaki, avaient eux aussi connu (bien avant !) la fin de leurs certitudes et avaient su en tirer la splendide littérature que l'on connaît.
C'est donc au milieu de cette rupture que LS écrit, entre sa vieille Chine qu'il aime (les 'hutongs' de Pekin) et décrit si bien et le monde 'occidental' dont la vigueur est respectée et imitée. Mao poussera la chose jusqu'à la folie mais aura, aux yeux de LS, la vertu d'incarner le changement attendu. Comme d'autres, LS en mourra, "suicidé".
LS, plein d'humour ('Le crachoir de Maître Niu', par exemple), nous communique aussi son plaisir de raconter (comme dans 'Les lunettes'). Il sait assumer avec un certain stoïcisme le tragique de son époque sans jamais revendiquer ni geindre. La simplicité et la vérité de son ton sont sans faille.
Un très beau livre.
Editions Picquier Poche (2006) - 356 pages
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