"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Si vous rencontrez une spirale carrée, formée de deux brins qui se croisent aux points cycliques, n'hésitez pas, vous tenez le chromosome de Calcutta.
Ainsi, vous comprendrez vite que si vous êtes un autre, il se peut qu'il soit vous même, ce qui, en un sens, est rassurant. Sauf bien entendu si vous êtes ligotté, avec votre matelas, sur une voie de chemin de fer. Il vaudrait mieux alors que vous ne soyez que le produit de l'imagination de l'auteur. Ce serait plus propre, n'est-ce pas ?
Et puis, la malaria, vous m'en direz tant ! Croyez-vous vraiment qu'elle vaille un culte ? Alchimie des mots, rien de plus.
Bon, sachez donc en lisant ce livre que tous les chemins, heureusement, ne conduisent pas à Rome. La piqure du moustique n'est peut-être qu'un moindre mal, face à Alva.
Bonne lecture, vous vous en remettrez, sans doute.
Il est difficile de dire du mal d'un livre qui a autant de succès. Et pourtant, il a distillé chez moi un ennui sans faille. En sautant quelques pages, j'en suis quand même venu à bout ... Un vrai roman de gare, mais pas genre TGV, plutôt voie étroite.
Un : il ne se passe rien qui provoque l'intérêt. Un pauvre type, branleur, toxico, etc., dont la raison d'être est de donner un but dans la vie à sa soeur (rattraper ses mauvais coups) se fiche en l'air avec le camion de son employeur. Sans doute parce qu'il a vu un ange ... J'ai toujours dit à mes amis que faire des courses poursuites avec un camion n'est pas recommandé, et qu'il l'est encore moins de regarder les anges. Vous voyez l'intérêt ?
Deux : sa soeur va rattraper, encore une fois, ce mauvais coup, mais le pauvre zèbre s'est un peu fêlé le cerveau. Il ne reconnait plus soeurette. Personnellement, je m'en moque, mais ...
Trois : un fameux neuro-people "cogniticien" (ma chère !), genre vaseline pour faciliter l'introduction de termes à l'allure savante, sur de lui et dominateur, apprend qu'un cas de "Capgras" (mais si, ma chère !) est à portée d'étude pour faire un bon papier et un roman rémunérateur ...
J'arrête. Tout cela n'excite que ceux qui veulent bien s'exciter eux-mêmes. Nous subissons une diarrhée verbale, répétitive, interminable, bourrée de clinquant pseudo-savant pour épater le bourgeois. Il parait que l'auteur n'écrit plus, mais dicte. C'est peut-être une cause de la pesanteur du style. Un petit extrait, pour la route :"Le moi se vidait de sa sève : produit des neurones miroir, des circuits d'empathie, il avait été sélectionné et conservé chez de nombreuses espèces pour ses vertus obscures en matière de survie. Le gyrus supra-marginal de la petite Jess etc...." Charabia de Trissotin !
Un conseil : n'y allez pas. Lisez plutôt sur un sujet voisin un auteur qui ne se réfugie pas dans des cas ésotériques, pour avoir l'air savant et ne pas risquer qu'on soit aussi savant que lui, mais parle avec simplicité de cas que l'on a tous voisiné : Alzheimer, que traite avec sensibilité Martin Suter dans "Small World"
Ce roman a été pour moi un très agréable moment de lecture : une intrigue sans réelle surprise, mais parfaitement bâtie pour mettre en scène des personnages typés, originaux et souvent attachants. Que demander mieux ?
Ce que j'ai particulièrement apprécié ici est la synchronisation entre les situations et la nature, qui renforce remarquablement l'intensité du récit. C'est évidemment la mer et ses caprices, le vent, les orages, les oiseaux migrateurs, qui nous invitent à partager leur tourmente ou leur apaisement.
Les descriptions sensibles de CG de cet environnement de La Hague sont superbes et font ressentir autant qu'elles montrent. Il y a à voir, à entendre à sentir, à rêver.
Le style incisif apporte sa note originale tout en restant simple, direct. Il y a là beaucoup de talent qui s'impose sans effet de manche.
A lire, sans réserve.
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