Ce roman est un jeu subtil et léger entre notre perception intime de ce que nous sommes, ici et maintenant, dans le temps, et cette part de nous-mêmes que voient et retiennent les autres, nos actes et leurs conséquences, qui s'affranchit au moins en partie de cette instantanéité. Un halo flotte alors autour de nous (notre image ?), halo qui devient peu à peu plus réel pour les autres que ce que nous croyons être et se fige. Nous devenons ce geste d'adieu fortuit, cette phrase incongrue prononcée un jour ; et notre relation avec cet autre nous-même, que souvent nous ignorons ou voulons ignorer, peut devenir bien difficile ...
Il pose aussi une autre question aussi dérangeante que la première : là où nous voyons souvent notre moi capable d'une pensée, d'un mouvement, d'un acte que nous croyons original, d'autres auront entendu cette pensée cent fois, vu ce mouvement ailleurs et verront dans nos précieux actes non l'expression de ce moi qui nous est si cher, mais l'expression de notre essence que nous partageons avec les autres hommes. Acte qui fréquente peut-être l'immortalité par sa grandeur ou sa beauté, mais pas parce qu'il est issu de notre génie propre, mais simplement de nos gènes partagés. Dur ... Alors, il ne nous reste qu'à jouer avec ce monde qui ne nous comprend plus, ne nous valorise pas. Insouciance et légèreté ...
Tout cela (et bien plus) est dit avec la merveilleuse facilité de MK.
Un très beau livre.
Editions Folio - 533 pages