"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
" A la lumière de son histoire littéraire"
La Russie nous obsède parce qu'elle est militairement nucléarisée. Elle nous révulse en commettant les mêmes actes que les alliés ont d'ailleurs commis en 40 (destructions massives civiles : Berlin, Dresde, Hambourg, Hiroshima, par exemple), mais que nous croyons passés de mode. Elle nous hérisse parce qu'elle est différente de nous et qu'elle est un Empire, vacillant d'ailleurs, et que nous sommes convaincus que notre démocratie, malgré son individualisme forcené et ses souplesses spirituelles et morales, est "l'avenir du genre humain". Elle nous fait peine, parce qu'elle est en train de tout rater, son économie, sa gouvernance par la violence, sa vie intellectuelle par la fuite de ses meilleurs cerveaux et ses rituels comiques du Kremlin. En réalité, nous ne la comprenons pas. Ce bref livre, justement, apporte une vision nuancée originale en extrayant de la littérature russe la substance profonde de cet Empire et de son peuple, en dépit des barrières que tous les régimes russes ont mises à la liberté d'expression. Passionnant et enrichissant.
S'il n'est pas simplement oublié, G. Pompidou est souvent mentionné comme un ancien dirigeant, gaulliste et "conservateur". Or, Premier ministre, puis Président de 1962 à sa mort en 1974, il a su au contraire sentir sous quels vents nouveaux il devait faire avancer le bateau France : industrie, certes, mais aussi progrès social, aménagement de l'environnement, indépendance nationale dans un monde interdépendant. Prolongement de l'action de Gaulle ? Oui, mais surtout l’élargissement de cette action dans un mode humaniste que de Gaulle n'avait pas. Ce livre remarquable nous rappelle tout cela, en montrant combien certaines des orientations prises par Pompidou seraient encore dignes de guider l'action politique contemporaine.
Lire la suite... David Lisnard et Christophe Tardieu, Les leçons de Pompidou
En 1932, un luxueux paquebot fait un voyage inaugural de Marseille à Hanoï et retour. Le narrateur, passager de première classe, le fait pour affaires (négoce de livres précieux) mais les motifs des passagers de plusieurs nationalités sont extrêmement variés. 1932 est la dernière année avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir et les conversations vont bon train. Le roman est le récit de ce voyage et des postures, des angoisses ou des espérances des uns et des autres, écrit avec beaucoup de verve et d'esprit. On appréciera en particulier la sourde inquiétude sur la sécurité du navire qui traverse toute la durée du voyage. Un carnet de têtes très réussi.
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