"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Il faut lire ou relire ce roman puissant, dont l'image est troublée par la réputation excessive de ses scènes crues. Il contient en effet une réflexion sur l'évolution de l'Angleterre de 1928, mais qui vaut également pour l'Europe. L'arrivée violente de l'industrialisation y détruit les structures sociales fondées sur la propriété terrienne. À cette structure, perdant son utilité et non remplacée, se substitue une évolution vers l'individualisme que nous constatons encore de nos jours. Mais il contient aussi des réflexions passionnantes sur la formation d'une personnalité, sur la beauté du monde qui perd ses droits, sur la richesse et ses sources, etc. Un très grand livre.
Voici un roman d'une grande sensibilité sur un sujet qui nous obsède, le rapport qu'auront les humains avec les robots intelligents et cultivés, dont l'IA est annonciatrice. Ici, le robot est supposé capable d'intelligence, de réflexion et de décision, mais son logiciel lui impose, comme le ferait un Dieu, un impératif catégorique, celui d'assister et éduquer un adolescent. Soumis à cette contrainte et certainement à d'autres que le roman ne donne pas, il ne manifeste aucune velléité d'autonomie toxique. En un mot, il reste un outil dont le logiciel et son concepteur sont responsables, à l'image d'un véhicule autonome. Pourquoi pas ?
À la lecture de l'interview de Peter Turchin dans un récent "Express", je me suis lancé avec enthousiasme à la découverte de ce livre. La suite fut plus nuancée, car je ne partage pas l'espoir de l'auteur de pouvoir modéliser et prévoir la stabilité sociale des groupes humains, quels que soient leur culture et leur développement économique, sur la base de deux paramètres seulement, même si ceux-ci sont importants.
Au moyen d'une analyse de l'historique des mouvements sociaux depuis Néron, l'auteur met en effet en évidence que l'instabilité est toujours accompagnée de la baisse relative des revenus modestes d'une part et de la surproduction d'élites, d'autre part. Cela suffit-il à construire un modèle prédictif ? Il n'en reste pas moins que la partie analytique qui conduit à la mise en évidence de ces deux facteurs, passionnante, justifie largement la lecture du livre.
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