"Un effondrement"
C'est une autobiographie bien singulière que ce récit angoissé d'un homme qui ne voit à son mal de vivre qu'une issue, la mort, l'extinction. C'est le roman ultime, écrit en 1986, d'un auteur autrichien malade et quelque peu atrabilaire, où il exprime, en le mettant en scène sur une durée de trois jours, son dégoût de la société contemporaine et de l'histoire de son pays. Cela ne semble pas constituer la trame d'un roman très attractif et, pourtant, la lecture de ce long pavé récompensera le lecteur courageux, s'il ne s'étouffe pas d'indignation en cours de route. Car il me semble qu'on peut en faire deux lectures, bien différentes.
L'une, qui conduira très vite à fermer le livre, est de ne trouver dans ce texte que les vaticinations gratuites d'un bon à rien, entretenu, instable, mais fanatique, solitaire, une sorte de "bobo" mal élevé donnant des leçons de conduite et de morale à l'univers entier. Il aurait sans doute été écologiste décliniste dogmatique à notre époque !
L'autre lecture, plus littéraire et plus tolérante, est d'essayer de suivre les méandres de cette non-pensée en phase terminale et de chercher dans ses replis. On n'écrit pas 500 pages pour ne rien dire. L'extrême bonté d'âme des lecteurs de ce site, bien que fortement sollicitée ici pour lire ce drame, les conduira sans aucun doute à cette seconde forme de lecture. Je ne suis pas encore convaincu que ce soit mon choix.
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