"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
"L'obstination et l'ardeur des opinions sont la preuve la plus sûre de la bêtise" Montaigne, III,8
Ce livre est celui d'un lettré âgé, d'une ouverture extrême à ce qui donne sens à la vie. Toute ambition, tout espoir se sont retirés, laissant place à un simple désir de vivre et de profiter de ses sens et de son esprit.
On pourrait parfois, bien à tort, penser à Montaigne. Montaigne était jeune et cherchait à construire concrètement, par l'expérience, les règles de la bonne vie.
EJ est tout, sauf un spéculateur. Il puise dans sa profonde culture et dans le monde qui l'entoure les aliments de sa vie, pierre par pierre, scarabée par scarabée, référence par référence. Il ne cherche pas à accroître son savoir ou son expérience, mais à en user, à expérimenter par l'idée, le mot, tous les liens qui unissent un monde unique dont il est un élément.
Solitaire, ce contemplateur ? Oui, et combien et sans espoir de trouver une autre voix capable de tisser une polyphonie, une fugue, avec la sienne. Son érudition est trop personnelle pour qu'il puisse, jusqu'au bout, partager ce qu'il ressent, ce qui a, pour lui, sens et valeur. Faut-il ajouter que cette solitude ne semble pas lui peser.
Alors, ce qui nous reste à faire, c'est de l'accompagner, et contempler avec lui les perspectives qu'il ouvre. Elles sont nombreuses et certaines resteront toujours fermées. Les références manquent peut-être chez le lecteur moyen que je suis. Le langage d'EJ est parfois symbolique, obscur et sa logique difficile à suivre.
Ce livre reste néanmoins un régal pour qui préfère aux solutions triviales un bon exposé des problèmes. Comme le dit EJ. : "Quand nous nous ouvrons, le monde s'ouvre". C'est déjà beaucoup... et tellement vrai !
Une contemplation à partager.
Grasset (1975) - 395 pages
Après un premier envoi réussi (Béatrice l'insoumise), l'auteur livre ici un second roman historique de sa Normandie du XIe siècle, dont la qualité ne le cède en rien au premier tome. A lire d'urgence pour passer un bon moment
Ce qui avait été noté dans la fiche du premier tome tient aussi pour celui-ci : solidité du récit et de sa construction, maintien de la tension en dépit de la taille du livre, aspect didactique bien ajusté sur l'époque et la région, personnages vivants et crédibles, etc..
Ce livre, très riche d'images superbes et "chargées" et d'un texte qu'il faut lire, est une invitation à regarder d'un oeil serein et empathique à la fois le quatrième âge et ceux qui, dans les établissements pour personnes âgées, l'accompagnent.
Quel sujet difficile ! Et avec quel puissant rejet ne l'abordons-nous pas ? Car, au fond, c'est de nous, de notre plus ou moins proche futur, que ce livre parle. Comme il le rappelle, il n'existe pas d'autre façon d'allonger la vie que de vieillir. Alors, pour fonder ce rejet instinctif de notre image à venir, nous nous bâtissons une carapace de préjugés, d'idées reçues, qu'il est inutile de rappeler ici, souvent accompagnés d'une solide ignorance de la réalité de ces établissements.
Lire la suite... Véronique Châtel, Serge Verglas, Je vous trouve si belles
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