"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
Ce livre est comme un écho du précédent dans notre univers occidental, où d'autres institutions prennent la place qu'occupe le chamane en Mongolie. Alors, notre chamane en puissance s'y sent bien seule...
De retour en France, CS devient, pour ses amis et ceux qui ont entendu parler de son don, l'objet d'espoirs souvent démesurés. CS n'est plus une chamane, mais elle est pressentie comme sorcière, capable de magie, là ou le reste a échoué : santé, amour, etc. Pour ne pas paraître égoïste ou inutile, ou tout simplement pour se confirmer qu'elle ne rêve pas, elle accepte de rendre quelques services, liés aux pouvoirs qu'on lui prête.
Elle va également poursuivre sa formation en Mongolie, où il faut que les esprits lui parlent. Ce qu'apparemment, ils feront. Encore faudra-t-il que le discours s'établisse dans l'autre sens aussi, pour qu'elle affirme son pouvoir sur eux.
La rencontre avec une ethnopsychologue, qui l'aide à se resituer dans notre mode de pensée est intéressant. Un échange qui deviendra intime, au risque d'y perdre l'objectivité, même relative, de leur relation.
CS nous parle aussi de ses rapports avec des recherches sur le cerveau, où elle se prête au rôle de cobaye. Il serait intéressant de savoir où cela a conduit.
Un livre qui, pour moi, n'a pas le charme du précédent, mais situe bien l'extrême difficulté de croiser les cultures. A ce titre, il est passionnant.
PR imagine le sort des USA à travers le sien si, en 1940, Roosevelt avait été remplacé par Lindbergh, sympathisant nazi. Isolationnisme et antisémitisme font alors cause commune pour refuser toute intervention en Europe, ce qui conduit à une déchirure de la famille de l'auteur, à l'image de la société américaine.
Le talent de l'écrivain sauve un livre, dont je ne comprends pas bien l'objet. Il y a des gens bien et des salauds aux USA ? Comme chez nous. L'antisémitisme y était latent ? Sans doute, mais moins qu'ailleurs. Pourquoi alors remuer cette fange et écrire un livre de plus sur ce pénible sujet ? Cela commence à peser autant que les innombrables récits de guerre avec les méchants nazis (certes, ils l'étaient !) et les bons qui résistent. De plus, cette uchronie n'a pas la crédibilité d'un travail d'histoire, même si, encore une fois, c'est remarquablement écrit.
J'aurais été intéressé par un travail d'écrivain sur l'inextricable mélange de bien et de mal qui nous caractérise et que la situation imaginée ici aurait permis d'aborder. Rien de cela ; les bons sont bons et les méchants, méchants. C'est vrai qu'on est en Amérique...
Quant à la pirouette finale et à la réhabilitation partielle de Lindbergh (PR redoutait un procès des héritiers ?), on aurait pu s'en passer.
Ce récit, pour lequel je fais l'hypothèse de la sincérité, est celui de la découverte, par une jeune femme occidentale, de sa capacité d'extase chamanique volontaire, sans l'usage de substances chimiques. Cela pose bien des questions....
Lire la suite... Corine Sombrun, Mon initiation chez les chamanes
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