"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
"L'obstination et l'ardeur des opinions sont la preuve la plus sûre de la bêtise" Montaigne, III,8
"Tout ce que je croyais sur la vie est broyé par la psychiatrie". Cette phrase de l'auteur, peut-être un peu excessive, est un cri du cœur qui résume l'expérience dont elle a souffert en ressentant une perte de son humanité dans son traitement psychiatrique qui la transforme en objet. Peut-être n'est-il pas inutile que l'honnête homme lise ce livre et ainsi n'ignore pas le calvaire des malades psychiques. Car, de fous, nous en sommes environnés et parfois nous le sommes un peu nous-mêmes. C'est une question d'échelle, n'est-ce pas ? Mais, comme le rappelle sans cesse l'auteur, nous restons des humains, embarrassés d'espoirs et de craintes, maladroits dans nos vies, dangereux parfois par notre ivresse de pouvoir ou d'absolu et nos sapiences pourries. Alors, restons humains, attentifs, empathiques.
Ce merveilleux livre, emprunt de poésie, ne nous convie pas à nous immerger dans les rêves d'un poème, mais nous plonge avec une infinie sensibilité dans la réalité et son articulation profonde. Il parle aussi bien de libération nationale que d'amour, de la beauté du monde comme de sa violence, mais toujours avec un style, des mots, qui vont au fond des faits et nous y entraînent dans la soie de cette écriture poétique.
J'ai passé un excellent moment à lire ces 15 nouvelles "mystérieuses, diaboliques, cruelles" comme les qualifie l'auteur. Certaines sont assez superficielles, comme un jeu, d'autres plus surprenantes, car elles surfent sur des tendances réelles et plus profondes de nos sociétés et de nous-mêmes. Il est, d'autre part, difficile de jouer avec le fantastique sans toucher à la question du mal. Le livre en expose quelques variétés bien vivaces. Un heureux moment de lecture en tout cas.
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