"Il n'existe qu'une langue pour exprimer des vérités absolues : la langue de bois"
"L'obstination et l'ardeur des opinions sont la preuve la plus sûre de la bêtise" Montaigne, III,8
Un avion de ligne piloté par un connard s'empale sur les arbres d'une forêt Birmane. Deux survivants provisoires seulement, que tout sépare, même le sexe ! Un, deux, trois, nous irons au bois ? Oui, certes, mais nous sommes dans la jungle, une nature hostile en tous points différente de celle qu'idéalisent les écologistes paumés et qui, de plus, est pourrie par la situation birmane faite d'une armée salope qui a pris le pouvoir et est en train de le perdre, des minorités en rébellion (il y en a des tombereaux en Birmanie) et des narcos méchants. Donc, récapitulons : si vous faites un pas dans sur ce terrain pour essayer de retrouver la civilisation avant d'être mort de faim et de soif, vous tombez forcément sur l'un de ces emmerdeurs patentés qui hésiteront peut-être sur la façon de vous trucider, mais pas sur le but. Dur, dur... Quant à nous, lecteurs haletants, le cœur battant à 150, le mouchoir plein de nos larmes d'angoisse et de notre morve, il ne nous reste qu'un Lagavulin d'une bonne facture pour nous remettre, tout en étant forcé de constater qu'en sortant de cette aventure nous en savons beaucoup plus sur la Birmanie qu'en ouvrant la 1re page du roman. Bravo, l'auteur !
Ce récit de la guerre d'Indochine met en évidence les manques et les décisions qui ont conduit au drame que l'on connaît. Il me paraît cependant incomplet et flatte une opinion qui pense tout comprendre sur la base de valeurs et de circonstances qui ne sont pas celles du temps d'alors. Et, comme toujours lorsqu'on parle de guerre, on oublie le plaisir détestable que les hommes ont à la faire, cette terrible part violente et meurtrière enfouie et refoulée, qui est par construction en nous et que la présence au feu révèle toujours. Ce livre nous fait néanmoins souvenir de ce moment de notre histoire nationale, et donne des précisions intéressantes. Mais qu'il est donc facile de juger des décisions et des actes ayant eu lieu 70 ans plus tôt !
Pékin face à l'Asie centrale
Est-il opportun de s'intéresser aux états d'Asie centrale, comme le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Kirghizstan, le Tadjikistan ou le Turkménistan ? Ils sont, dans notre souvenir, un lieu du pouvoir soviétique défunt, mais nous n'avons sans doute pas mesuré combien ils sont devenus un enjeu essentiel de ce qui se passe en Asie pour des motifs géographiques et culturels, mais aussi de ressources minérales. Les influences russes persistent, mais Pékin, Ankara et Téhéran sont entrés dans un "Grand Jeu" diplomatique, titre de ce remarquable livre. Certes, prédire l'avenir n'est pas plus simple ici qu'ailleurs et même sans doute moins. Mais mesurer les enjeux, comprendre les attentes des compétiteurs et, tout simplement, mieux connaître ces pays est une donnée de culture générale plutôt rare, qu'offre ce livre.
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